Le Fenway Park, le plus grand lieu de rassemblement des gens de Boston depuis les beaux jours de Babe Ruth, s’apprête à célébrer son 100e anniversaire par toutes sortes de manifestations durant la prochaine saison de baseball.
Il s’est passé tellement de choses dans le vieux stade depuis 1912 qu’il faudrait écrire un livre pour tout raconter et encore.
L’autre soir, par accident, je suis tombé sur un excellent documentaire au réseau PBS. C’était amusant de revoir les coups de circuit de Ted Williams, les exploits de Carl Yastrzemski au bâton et au champ gauche, le «rêve impossible» de 1967 sous la gouverne de Dick Williams , les défaites crève-coeur contre les Yankees et l’éclatant triomphe de 2004 qui mettait fin une fois pour toutes à la malédiction du Bambino.
Ce long reportage nous montrait aussi le travail de ceux et celles qui oeuvrent dans l’ombre, depuis le vendeur de hot-dogs jusqu’à l’organiste en passant par les préposés au terrain, les gens de la billetterie et les responsables du très vieux tableau indicateur. Un stade de baseball, c’est bien plus qu’un losange et des gradins.
On a rappelé que les Red Sox avaient été la dernière équipe des majeures à accepter un Afro-Américain dans leur équipe, ce qui explique en bonne partie leurs déboires sur le terrain et aux guichets durant les années 1950 et au début des années 1960. Imaginez qu’ils auraient pu embaucher Jackie Robinson et Sam Jethroe en 1946 et les faire jouer avec Ted Williams. Il a fallu attendre 13 ans de plus avant de voir Pumpsie Green et Earl Wilson se pointer dans le vestiaire des Red Sox.
À la fin des années 1990, le Fenway Park était en train de tomber en ruines et la rumeur voulait qu’on en construise un nouveau dans le même quadrilatère. Heureusement, les nouveaux propriétaires des Red Sox ont fait faire une étude de marché et ils en sont venus à la conclusion qu’il ne fallait pas démolir une «cathédrale» qui occupe une si grande place dans le coeur des gens de Boston. Il fallait plutôt rafistoler le stade et lui donner une nouvelle vie. C’est ce qui a été fait à coups de millions de dollars et les résultats ont été étonnants. On a même installé des sièges au-dessus du Monstre Vert et ils sont devenus un grand objet de curiosité.
Non seulement Fenway n’a rien perdu de son charme et de son caractère intime, mais on fait maintenant salle comble à tous les matchs et les gens se sentent privilégiés de mettre les pieds dans le plus vieux stade des ligues majeures. Au milieu de la septième manche, peu importe le pointage, tout le monde se lève debout pour entonner «Sweet Caroline» et manifester sa joie d’être là.
Tous ceux qui ont visité Fenway Park vous diront qu’il s’agit d’une expérience unique dans le monde du sport, qu’on soit ou non partisan des Red Sox. Il faut y aller au moins une fois dans sa vie… même si on ne raffole pas du baseball.
Pour célébrer le centenaire de leur stade, les Red Sox aimeraient bien sûr gagner une autre Série mondiale sous la gouverne de Bobby Valentine. Ça, c’est une autre paire de manches.