Il en a coulé de l’eau sous les ponts depuis l’époque où Patrick Roy se faisait mitrailler de toutes parts devant le filet des pauvres Bisons de Granby.
Le petit-fils de Bona Arsenault, une légende en Gaspésie, appartient à cette race d’athlètes au destin particulier. Il n’avait pas encore 21 ans quand il a mené le Canadien à la conquête de la coupe Stanley au printemps 1986, donnant ainsi raison à Jean Perron de lui avoir fait confiance.
Le jeune homme a paradé torse nu sur la rue Sainte-Catherine, puis il a vécu des années extraordinaires dans le vieux Forum jusqu’au soir d’octobre 1995 où, frustré d’être laissé à lui-même devant la mitraille des Red Wings, il a levé les bras au ciel avant de retourner au banc et d’aviser Ronald Corey qu’il venait de disputer son dernier match dans l’uniforme du Canadien.
Ce dossier a été très mal géré, mais une chose est certaine: le Canadien n’a pas obtenu suffisamment en retour de son joueur étoile et cette transaction a marqué le début de la chute aux enfers pour l’organisation la plus prestigieuse du hockey. Certains n’ont jamais pardonné à Roy d’avoir exigé un échange tandis que d’autres pleurent encore son départ.
Au Colorado, Roy s’est retrouvé dans une équipe en pleine ascension et il a aidé l’Avalanche à gagner deux coupes Stanley en six ans. Il a aussi gonflé ses statistiques personnelles et il avait 702 victoires en banque le jour où il a décidé de rentrer à la maison. Il était également le seul joueur de l’histoire du hockey avec trois trophées Conn Smythe sur son foyer.
UN GRAND DÉFI
Une fois à la retraite, Roy n’a pas voulu rester inactif. Il a choisi d’en redonner à son sport en devenant entraîneur et directeur général des Remparts de Québec. Il a non seulement gagné la coupe Memorial à sa première saison à la tête des Remparts, mais il est devenu une grande attraction partout à travers la ligue.
Il a commis quelques erreurs et il s’est fait de nombreux ennemis au Saguenay, mais il a été bon pour le circuit Courteau. Sa seule présence faisait courir les foules.
À 47 ans, il a décidé que le moment était venu de tenter la grande aventure. Il l’a dit clairement hier: «Je veux voir jusqu’où je peux aller». En d’autres termes, il veut se frotter aux meilleurs entraîneurs de la LNH.
À Denver, il aura quasiment carte blanche et l’appui inconditionnel de son ancien coéquipier Joe Sakic. Avec son passé victorieux et son sytle flamboyant, il sera le meilleur outil de marketing d’une équipe qui a vécu des moments très difficiles durant les dernières années.
Son premier objectif sera d’implanter une attitude gagnante au sein de l’Avalanche et de pousser ses jeunes joueurs à offrir leur maximum soir après soir. Il part avec une équipe de 15e place et il ne peut faire autrement que d’aller plus haut. À quel rythme? Le temps nous le dira.
«Patrick est bien préparé pour faire face à la musique, dit Guy Carbonneau, son ancien voisin dans le vestiaire du Canadien. Il va commettre des erreurs et ce sera à lui d’apprendre de ses erreurs». Très bien dit.
Bonne chance, mon cher Casseau!