DRUMMONDVILLE— Sur la magnifique terrasse du club de golf Drummondville, je sirote un café en songeant aux tournois qui étaient organisés par le restaurateur Jos Cloutier durant les années 1980 et 1990.
On venait de partout au Québec pour participer à son festival de golf, déguster les succulents fruits de mer et faire la fête jusque tard dans la nuit.
En 1993, l’invité d’honneur était Jean-Claude Tremblay, ex-défenseur étoile du Canadien et des Nordiques. Jacques Demers lui avait fait une belle surprise en se pointant au 19e trou avec la coupe Stanley. Ce soir-là, il fallait aimer beaucoup les Nordiques pour refuser de se faire photographier avec Jacques, J.C. et le plus vieux trophée du sport professionnel!
Si je suis retourné au coeur du Québec durant quelques heures, c’était pour voir Guy Boucher, ex-entraîneur du Lightning de Tampa Bay, et souhaiter bonne chance à son bon ami Martin Raymond, nouveau coach des Voltigeurs de Drummondville.
«Je n’ai pas accordé d’entrevues depuis mon congédiement par le Lightning, m’a dit Boucher avant même que je sorte mon calepin de notes. J’ai eu une formidable expérience à Tampa et j’ai vécu de très beaux moments. Je ne retiens que du positif et je ne veux pas revenir sur le passé. Ça ne donnerait rien et ce n’est pas mon genre. Je préfère regarder en avant et je serai prêt quand on me fera signe. À 42 ans, je pense avoir encore un bel avenir dans le hockey».
Il y a deux ans, Boucher est venu à six minutes d’atteindre la finale de la coupe Stanley, mais son équipe a subi une défaite de 1-0 dans le septième match contre Boston. Il était alors considéré comme un des hommes les plus compétents dans la nouvelle vague d’entraîneurs. On aimait son discours, ses tactiques et son comportement en général, mais les choses changent vite dans le monde du sport
L’hiver dernier, après un autre lock-out de merde, Boucher a dû composer avec plusieurs recrues, une équipe mal en point devant le filet et à la ligne bleue. De plus, le vétéran Vincent Lecavalier a raté un mois à cause des blessures. En bout de ligne, c’est Boucher qui a payé la note.
Il est plus facile de congédier l’entraîneur que les 20 joueurs. Ça ne règle rien, mais ça apaise les partisans. Steve Yzerman a donc fait comme les autres en limogeant son coach.
Pat Burns avait l’habitude de dire que les entraîneurs sont comme des pilotes de guerre. On sait combien ils sont quand ils partent, mais on ne sait jamais combien vont rentrer à la base.
MARTIN SAINT-LOUIS
Si Boucher préfère ne pas discuter des événements qui ont entraîné son congédiement, il ne se fait pas prier pour parler de son ancien protégé Martin Saint-Louis.
«Avec les règlements en vigueur depuis 2005, les petits joueurs ont plus de chance de se mettre en évidence, dit-il. Martin, lui, a réussi à se frayer un chemin quand c’était quasiment impossible de le faire. À Calgary, après une belle carrière universitaire au Vermont, il a accepté de jouer dans le quatrième trio et de se taper le sale boulot. Il a su faire face à de nouvelles responsabilités et il a dû faire preuve d’une grande force de caractère avant de devenir un joueur étoile. Je salue sa volonté de réussir et je pense qu’il est un exemple à suivre pour tous les jeunes joueurs de hockey».
BARDÉ DE DIPLÔMES
Originaire du Bas-du-Fleuve, Guy Boucher n’est pas un entraîneur comme les autres. Durant ses neuf années à l’université, il a étudié le génie, la biologie environnementale et l’histoire. Il possède également une maîtrise en psychologie sportive. Rarement voit-on un coach bardé de tant de diplômes.
Après avoir porté fièrement les couleurs des Redmen de McGill, il a fait ses classes dans le junior majeur à Rouyn-Noranda, à Rimouski et à Drummondville. Il a gagné deux coupes du Président et il a aidé des joueurs comme Mike Ribeiro, Sidney Crosby, Sean Couturier, Derrick Brassard et Gabriel Dumont à atteindre la Ligue nationale.
Son cheminement se compare un peu à celui de Mike Babcock, un autre ancien joueur des Redmen de McGill. Ce dernier a fait du bon boulot à Anaheim avant de mener les Red Wings à quelques championnats et à une conquête de la coupe Stanley. Il a aussi gagné la médaille d’or à Vancouver en 2010.
Tout ce que Boucher souhaite, c’est une deuxième chance. Reste à voir combien de temps on le fera patienter.