Les tournois du Grand Chelem ont lieu cette année sur quatre parcours mythiques: Augusta National, Merion, Muirfield et Oak Hill. Des temples sacrés du golf.
Ce matin, je veux évidemment vous parler d’Oak Hill qui accueille cette semaine la quatrième et dernière épreuve, soit le championnat de la PGA.
Situé à Rochester, près de la rivière Genesee, Oak Hill porte bien son nom parce qu’on y retrouve des milliers de chênes géants. Il y a aussi des érables, des ormes et des evergreens, mais ce sont les chênes, souvent gênants pour les balles égarées, et la configuration du terrain qui font sa renommée.
Le parcours a été dessiné par le légendaire Donald Ross au début du 20e siècle et il est d’une telle qualité qu’il a été le théâtre de tous les championnats imaginables. C’est sans compter le pavillon de style Tudor, un trésor d’une grande richesse.
Parmi les champions qui ont quitté Oak Hill avec les honneurs de la guerre, il y a Sam Snead, Cary Middlecoff, Lee Trevino, Jack Nicklaus et Curtis Strange. Hank Kuehne y a remporté le championnat amateurs des États-Unis et Jay Haas le titre Senior de la PGA. Quelques années auparavant (1995), Haas avait eu le malheur de subir une défaite crève-coeur contre Philip Walton sur le même parcours, permettant ainsi aux Européens de se sauver in extremis avec la coupe Ryder.
Ernie Els a fait le plus beau compliment à Oak Hill quand il a déclaré: «Durant toutes mes années comme professionnel de golf, c’est le parcours le plus difficile et le plus juste que j’ai rencontré». Une opinion que partage Tiger Woods, favori cette semaine pour mettre fin à sa disette de cinq ans dans les tournois majeurs.
UN CHAMPION FLAMBOYANT
Quand on pense à Oak Hill et à Rochester, on pense immédiatement à Walter Hagen, septième meilleur golfeur de tous les temps selon la revue Golf Digest.
Natif de Rochester, Hagen a gagné 11 tournois majeurs entre 1914 et 1929. Il n’est devancé à ce chapitre que par Nicklaus, Woods et Bobby Jones. Il a aussi gagné cinq fois le Western Open qui, avant la naissance du Masters, était considéré comme un des événements majeurs de la saison. Au total, Hagen a remporté 45 victoires sur le circuit de la PGA, bien longtemps avant les verts manicurés, les jets privés et les bourses mirobolantes.
Hagen ne possédait pas le plus beau style, mais il était combatif, flamboyant, et il avait le don de faire la promotion de son sport. Toujours tiré à quatre épingles, il ne laissait personne indifférent. Il s’est rendu plusieurs fois en Europe et y a remporté quatre victoires dans l’Omnium britannique (une de plus que Nicklaus et Woods). Il a aussi empoché beaucoup d’argent en participant à des «matchs d’exhibition» un peu partout en Amérique. Son immense popularité lui a valu d’être le promoteur des bâtons de marque Wilson.
«Je ne veux pas nécessairement être millionnaire, mais je veux vivre comme un millionnaire», a-t-il déclaré un jour. Une philosophie adoptée plus tard par mon ami Duke Doucet, du club Summerlea.
Une autre fois, Hagen a dit: «Puisque vous n’êtes pas ici pour très longtemps, ne vous pressez pas et ne vous inquiétez pas inutilement. Surtout, n’oubliez pas de sentir les fleurs (smell the roses)». En d’autres mots: sachez profiter de chaque moment qui passe.
En plus d’exceller au golf, Hagen était un très bon joueur de baseball. Lanceur et joueur d’arrêt-court, il a été courtisé par les Tigers de Détroit, mais il a jugé que son avenir était sur un terrain de golf.
Selon Gene Sarazen, un autre champion de cette époque lointaine, Walter Hagen a été le premier à rendre le golf aussi populaire et ceux qui l’ont suivi devraient lui en être éternellement reconnaissants.
Plus tard, Arnold Palmer a profité de l’avènement de la télévision pour hausser son sport à un niveau supérieur, puis Tiger Woods est arrivé comme une bouffée d’air frais à la fin des années 1990, créant une nouvelle génération de golfeurs.
À ce titre, il faut également souligner la contribution du regretté Severiano Ballesteros. Par son talent, son dynamisme et son style unique, Seve a été le coeur et l’âme du golf en Europe et il a propulsé le tournoi de la coupe Ryder vers de nouveaux sommets.
Attendez-vous à tout un spectacle sur le parcours d’Oak Hill durant les prochains jours. Adam Scott et Jim Furyk ont pris les commandes après 18 trous, un coup devant Lee Westwood et le Canadien David Hearn, mais la semaine est encore jeune.
Au cas où vous l’auriez déjà oublié, les trois premiers champions de la saison sont Adam Scott (Augusta), Justin Rose (Merion) et Phil Mickelson (Muirfield).