AUGUSTA, Georgie— Si le golf est devenu un sport international, c’est un peu beaucoup grâce à Gary Player qui a traîné son baluchon aux quatre coins de la planète pendant plus d’un demi-siècle.
On l’accuse parfois d’en mettre plus que le client en demande, mais le golfeur de Johannesbourg peut marcher la tête haute après avoir gagné 165 épreuves à travers le monde, y compris neuf victoires dans les tournois majeurs.
Ce n’était qu’une question de temps avant que les organisateurs du Masters l’invitent à frapper la première balle en compagnie d’Arnold Palmer et de Jack Nicklaus. Quand on l’a appelé pour lui faire la demande officielle, il a répondu oui avant même d’avoir ouvert son portable!
«Je me fais toujours un devoir d’assister au Masters et à l’Omnium britannique, dit Player. Ce sont deux événements qui occupent une place de choix dans mon coeur. J’ai eu la chance de jouer 53 fois à Augusta et d’y remporter trois victoires. Mieux encore, j’ai pu me lier d’amitié avec Jack et Arnie et faire la connaissance de plusieurs célébrités.
«Quand je songe à ma longue carrière dans le golf, c’est le mot gratitude qui me vient en tête. Si quelqu’un a voyagé plus que moi, j’aimerais bien rencontrer cet homme. Je suis allé quasiment partout dans le monde. Cela m’a permis de fraterniser avec plein de gens et d’appuyer plusieurs causes charitables. À elle seule, ma petite compagnie a amassé plus de 50 millions de dollars pour les enfants dans le besoin. Quand je parle aux jeunes, je leur répète qu’ils sont chanceux d’avoir tout ce qu’ils ont aujourd’hui. Ce n’est pas le cas dans les pays du Tiers-Monde.
«Je suis rendu au crépuscule de ma carrière et je chéris très précieusement mes souvenirs. Ils sont le coussin de ma vie», ajoute le golfeur de 76 ans.
PARCOURS TROP LONGS
Player s’intéresse à tout ce qui touche le golf. Il a dessiné plusieurs terrains et il croit qu’on fait fausse route en voulant construire des parcours de plus de 7000 verges comme celui du club Augusta National.
«On oublie trop souvent qu’il y a une énorme différence entre les amateurs et les professionnels, dit-il. Tout le monde voudrait frapper la balle à 300 verges, mais je n’est pas donné à tous. Je pense qu’on a tort d’allonger indûment les parcours, d’ajouter des lacs, des fosses de sable et d’autres obstacles. Il faut que le golf demeure un jeu où tout le monde peut s’amuser. Sans compter que ces travaux coûtent une fortune aux propriétaires et qu’ils se voient forcés d’augmenter les frais de jeu».
Son message rejoint celui d’Adrien Bigras qui prêche depuis longtemps pour des parcours moins difficiles, d’autant que cela permet de réduire le temps de jeu.
Gary Player est un moulin à paroles. Il a raconté plein d’autres choses après avoir participé à la cérémonie protocolaire. J’y reviendrai dans de futures chroniques.