Depuis leur magnifique condo du 20e étage, à deux pas du métro Longueuil, Jean Béliveau et Élise Couture, sa fidèle compagne des soixante dernières années, ont une vue imprenable sur le Stade olympique, le pont Jacques-Cartier, le vieux port et le centre ville de Montréal. À couper le souffle!
Durant le mois de juillet, Élise et le Grand Jean n’ont qu’à s’installer dans le salon pour regarder les plus beaux feux d’artifices du monde entier. S’ils ont longtemps hésité avant de quitter leur maison de la rue Victoria, ils sont maintenant très heureux dans leur nouvel habitat.
«La nuit, lorsque j’ai du mal à dormir, je m’écrase dans le fauteuil et je lis un bon livre devant les lumières de la ville», dit l’ancien capitaine des Glorieux.
Jean Béliveau a fêté récemment ses 82 ans. Il n’a pas autant d’énergie qu’il le voudrait, mais il se considère chanceux de ne pas avoir succombé à son deuxième accident vasculaire cérébral ou encore d’être d’être resté paralysé. «Ça va moins vite qu’avant, mais ça va», dit-il en souriant.
Récemment, il a dû renoncer à son permis de conduire. Ça n’a pas été facile, mais il n’est pas du genre à se plaindre de son sort. Il comprend qu’il serait trop risqué de s’aventurer sur la route dans sa condition actuelle. La vieillesse, c’est une foule de petites choses.
DES SOUVENIRS PLEIN LA TÊTE
L’ancien joueur étoile du Canadien, 10 fois champion de la coupe Stanley, est encore sollicité de toutes parts, mais il est maintenant obligé de refuser la majorité des demandes qu’on lui fait. Il doit d’abord se préoccuper de sa santé. Avant, il ne disait presque jamais non.
Il ne se déplace plus pour participer à des séances d’autographes ou à des levées de fonds. Il répond cependant à son volumineux courrier avec l’aide de sa fille Hélène. Elle se tape le tri avant de lui présenter les demandes les plus pressantes.
Pendant plus d’une heure, l’autre matin, nous avons discuté de hockey, de baseball et de bien d’autres choses. Malgré ses deux ACV, la mémoire du Grand Jean est intacte. Des souvenirs, il en a plein la tête.
Il rit de bon coeur quand il pense à ses belles années avec les As de Québec. L’équipe était dirigée par Punch Imlach, le même homme qui a mené les Maple Leafs de Toronto à quatre conquêtes de la coupe Stanley durant les années 1960. Parmi ses compagnons de jeu, il y avait Ludger Tremblay, frère de Gilles, Claude Robert et l’inimitable Marcel Bonin, un personnage comme il ne s’en fait plus.
Une fois par exemple, Bonin s’est présenté dans le vestiaire des As déguisé en chasseur et il a demandé à Imlach de procéder rapidement parce qu’il voulait aller tuer son chevreuil!
Entre Québec et les Béliveau, il existe une histoire d’amour qui ne mourra jamais.
À 22 ans, le «Gros Bill» a finalement décidé que le moment était venu de quitter la Vieille capitale pour tenter sa chance dans la grande ligue. C’était le début d’une longue et belle aventure.
«Quand nous avons gagné cinq coupes de suite à la fin des années 1950, nous avions un jeu de puissance extraordinaire, rappelle-t-il. À gauche, il y avait Bert Olmstead ou Dickie Moore. J’étais au centre et Maurice (Richard) à droite. Derrière nous, il y avait Doug Harvey et Boom-Boom. C’était pas si mal comme power play!»
Ce jeu de puissance était tellement dévastateur qu’un de ces soirs, Béliveau a marqué trois buts en 44 secondes contre l’excellent Terry Sawchuk. C’en était trop. La Ligue nationale a alors décidé que le joueur pris en défaut pouvait quitter le banc des punitions dès qu’un premier but était marqué.
La discussion reprendra lorsque nous nous reverrons au Centre Bell pour un match du Canadien. Si sa santé le lui permet, le Grand Jean se propose d’assister à une vingtaine de parties durant la prochaine campagne. Évidemment, il souhaite tout le succès possible à Marc Bergevin et à Michel Therrien.
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