Le Canadien traverse une mauvaise période et la machine à rumeurs se met de nouveau en branle. Depuis 15 ou 20 ans, c’est toujours la même rengaine.
Notre équipe, jadis si glorieuse, ne nous donne pas satisfaction et les gérants d’estrade s’en donnent à coeur joie. Les journalistes et les «joueurnalistes» aussi, bien sûr. Dans les chaumières, les restos et les bars du Québec, tout le monde a sa petite idée sur les correctifs à apporter.
Depuis les départs précipités de Patrick Roy, Vincent Damphousse et Pierre Turgeon au milieu des années 1990, cette équipe tourne en rond pendant que les entraîneurs et les directeurs généraux se suivent à un rythme alarmant. Trop souvent, on se contente de «patcher les trous». C’est triste à mourir, mais pas plus qu’à Toronto.
Dans une ligue à 30 clubs où il est difficile d’appartenir à l’élite, il aurait probablement fallu que le Canadien accepte d’aller «au fond du baril» pendant trois ou quatre ans afin de réclamer les meilleurs joueurs disponibles à l’encan amateur. Comme l’ont fait les Nordiques, les Blackhawks et les Penguins.
À Montréal, on n’a jamais voulu faire ça. La consigne a toujours été la même: faire tout ce qu’il faut pour participer aux séries éliminatoires, quitte à se faire sortir en première ronde. Ça donne quoi de «faire les séries» si on n’a pas les éléments pour aller loin? C’est de la poudre aux yeux, du bonbon pour les fans.
Bien sûr, il peut y avoir une surprise de temps en temps, comme celle causée par Jaroslav Halak au printemps 2010.
Entre vous et moi, Marc Bergevin a hérité d’une équipe «très ordinaire» lorsqu’il a succédé à Pierre Gauthier, au printemps 2012. On lui a donné carte blanche pour redresser le navire, mais les résultats se font attendre. Pourquoi? Parce qu’il n’a pas les chevaux pour transiger avec les autres équipes. On le voit venir de loin avec ses gros sabots.
Si vous n’êtes pas convaincus, vous n’avez qu’à consulter les statistiques. En ce 24 janvier, P.K. Subban est le meilleur marqueur du Canadien avec 35 points. Ça lui confère le 68e rang dans la Ligue nationale. Max Pacioretty et Tomas Plekanec suivent en 101e et 102e position. Rien pour inquiéter l’adversaire!
Cela signifie tout simplement que «Jesus Price» a toute la pression sur les épaules parce que son équipe a beaucoup de mal à trouver le fond du filet, surtout à cinq contre cinq.
Durant les prochains mois, Bergevin aura des décisions très importantes à prendre. Ses valeurs sûres sont plutôt rares après Price, Plekanec, Pacioretty, P.K., Markov, Galchenyuk et Gallagher.
Par exemple, peut-il sacrifier Markov en retour d’un bon jeune joueur ou doit-il lui consentir un riche contrat de quatre ans alors que ses genoux représentent un point d’interrogation? Et que fait-il avec tout son bois mort?
J’ai quasiment envie de le plaindre et j’ai hâte de voir comment il va s’en tirer. Pas vous?