Ceux qui, comme moi, ont vu jouer les Packers de Vince Lombardi, d’abord en noir et blanc puis ensuite en couleurs, ont du mal à croire qu’on en soit déjà rendu à la 48e présentation du Super Bowl.
Lorsque ce méga-spectacle a été lancé au milieu des années 1960, Mickey Mantle portait encore les couleurs des Yankees, les Beatles étaient les nouveaux dieux de la musique, la révolution tranquille battait son plein et le Canadien de Montréal, avec Jean Béliveau comme chef de file, était en route vers quatre conquêtes de la coupe Stanley en cinq ans.
Il s’en est lancé des ballons et il en a coulé de l’eau sous les ponts depuis le temps où Bart Starr faisait la pluie et le beau temps avec des compagnons de jeu de la trempe de Jim Taylor, Paul Hornung, Ray Nitschke, Max McGee, Lee Roy Coffey, Elijah Pitts, Herb Adderley et Lynn Dickey.
Au début, ça ne s’appelait même pas le Super Bowl. C’est Lamar Hunt, un des responsables de la fusion entre la NFL et la Ligue américaine de football, qui a trouvé l’expression en voyant sa petite fille jouer avec une «super ball».
Puisque la mémoire est une faculté qui oublie, il est carrément impossible de se souvenir de tout ce qui s’est passé durant les 48 dernières années. Il faut également reconnaître que les finales de conférence sont souvent plus palpitantes que le match ultime. C’est comme ça dans tous les sports. Il y a cependant des choses inoubliables comme:
- Les bombes de TERRY BRADSHAW à Lynn Swann et John Stallworth.
- Celles de JOE MONTANA à Jerry Rice et Dwight Clark.
- Les courses au sol de LARRY CSONKA, Franco Harris, John Riggins, Marcus Allen, Emmitt Smith et Jerome Bettis.
- Les fanfaronnades de JOE NAMATH et sa victoire improbable contre Baltimore dans le Super Bowl III.
- La saison parfaite des Dolphins sous la gouverne de DON SHULA.
- La dynastie de Team America, le chapeau de TOM LANDRY, l’excellence de ROGER STAUBACH et puis celle de TROY AIKMAN.
- Les échecs répétés de MARV LEVY (Buffalo) et de BUD GRANT (Minnesota) avec de très bonnes équipes.
- Les triomphes du duo BRADY-BELICHICK au début des années 2000.
- L’endurance de BIG BEN ROETHSLISBERGER.
- Les Bears de MIKE DITKA et les Raiders de JOHN MADDEN.
- Les spectacles de la mi-temps et le sein de JANET JACKSON.
- Les pubs à 130 000$… la seconde. Et on refuse des commanditaires!
Manning et l’histoire
Cette année, la grande fête du football américain se déroule au New Jersey, dans le stade des Giants, même si tous les réflecteurs sont présentement tournés vers Times Square.
Normalement, on aura droit à un excellent spectacle entre la meilleure attaque de la ligue (Denver) et la meilleure défense (Seattle).
Peyton Manning, qui a mérité quatre fois le titre de joueur par excellence de la NFL, est évidemment le point de mire. À 37 ans, il a réussi un tour de force en menant les Broncos aussi loin et tout le monde a hâte de voir s’il peut franchir avec succès le dernier bout de chemin.
Le grand Peyton n’a plus rien à prouver. Ses statistiques reflètent une carrière peu commune. Lorsqu’on lui parle de l’héritage qu’il laissera aux amateurs de football, il ne peut réprimer un sourire. Il se trouve trop jeune pour analyser son passé en long et en large. Il réalise que sa carrière tire à sa fin, mais ne prononce jamais le mot retraite. S’il reste en santé, il y a lieu de croire qu’il jouera deux ou trois autres saisons.
Pourquoi se priverait-il de pratiquer un peu un sport qu’il aime par-dessus tout, d’empocher quelques millions additionnels et d’ajouter à sa légende?
Bien sûr, Manning veut gagner un deuxième Super Bowl pour égaler son frère Eli. Il va tout faire pour y arriver, mais il aura besoin d’utiliser toute son expérience parce que la défense des Seahawks est très étanche. Il y a aussi la froide température qui pourrait s’avérer un facteur important dans le déroulement de la rencontre.
De l’autre côté du terrain, Russell Wilson a lui aussi de grandes ambitions même s’il en est seulement à sa deuxième campagne dans la NFL. Le jeune homme a du cran et beaucoup de talent.
Sentimentalement, j’ai un faible pour Manning. En fin de carrière, j’aimerais le voir gagner une autre fois le trophée Lombardi, mais le football n’est pas une affaire de sentiments. C’est plutôt une guerre de tranchées. Si on assiste à un match très serré, je serai content.
Vous voulez une prédiction? Denver 24 Seattle 21. Chicanez-moi pas si je me trompe. Comme disait Toe Blake: «Les prédictions, c’est pour les gitans».