Mon ancien collègue Serge Touchette a profité du week-end de baseball au Stade olympique pour renouer avec plein de vieilles connaissances. Il était ravi de revoir les Tim Raines, Steve Rogers, Warren Cromartie, Darrin Fletcher, Claude Raymond, Jim Fanning et cie pour discuter de son sport favori.
«C’était vraiment plaisant, dit-il. C’est comme si nous nous retrouvions tous ensemble après un hiver qui a duré 10 ans. Certains ont pris de l’embonpoint, mais les visages n’ont pas changé. Les préposés au bâton étaient les mêmes qu’en 2004».
Avec sa plus humoristique, «Touche» a couvert les Expos pendant presque 30 ans. Aucun journaliste de Montréal n’en sait plus que lui sur notre ancienne équipe de baseball. Maintenant à la retraite, son statut lui vaut d’être encore parmi les chroniqueurs de baseball qui votent pour les joueurs admissibles au panthéon.
Pis, Touche, est-ce que les Expos auraient gagné la Série mondiale en 1994? «On ne le saura jamais, répond-il. L’équipe roulait à plein régime (20 victoires en 23 parties), mais il restait un mois et demi au calendrier. Il peut se passer bien des choses en un mois et demi. À mon avis, l’équipe aurait participé aux séries de championnat. Ensuite, tout aurait été possible».
Durant un voyage à Houston, le gérant Felipe Alou lui avait glissé à l’oreille: «La machine est presque parfaite». Ça en disait long sur l’équipe que le vieux routier avait sous la main.
Les Expos de 1994 étaient solides dans tous les départements, mais surtout dans le «bullpen» avec Jeff Shaw, Tim Scott, Mel Rojas et John Wetteland. Trois d’entre eux sont devenus des releveurs numéro un et Wetteland a même aidé les Yankees à gagner la Série mondiale. «Quand on menait après six manches, c’était final bâton!»
Le vétéran Ken Hill et le jeune Pedro Martinez étaient les deux meilleurs lanceurs partants. Les Expos possédaient aussi un formidable trio de voltigeurs en Marquis Grissom, Moises Alou et Larry Walker. En tant normal, cette équipe aurait bataillé pour le championnat pendant au moins quatre ou cinq ans. Au lieu de cela, elle a été démantelée à la suite d’une grève qui a entraîné l’annulation de la Série mondiale et amorcé la chute aux enfers de Nos Amours.
«La grève a fait mal, mais pas autant que la vente de feu qui a suivi, ajoute le grand Serge. Cette jeune équipe n’a jamais eu de deuxième chance. Un vrai gâchis».
«Les foules qui ont envahi le Stade olympique en fin de semaine envoient un bon message aux autorités du baseball majeur. J’ai toujours pensé qu’il y avait encore plein d’amateurs de baseball à Montréal et à travers la province, mais on les a tellement écoeurés. C’est un peu comme si le Canadien profitait de la saison estivale pour laisser partir P.K. Subban, Carey Price et Andrei Markov!», poursuit-il.
Pour ce qui est de ravoir nos Expos, c’est une autre paire de manches. Mon ami Touche est dans le coin de sceptiques. Ça va prendre bien plus que des prières, des lampions et des cris du coeur.