AUGUSTA, Géorgie— Il était 17 heures lorsque le roi du golf, sous le poids de ses 84 ans, s’est pointé dans la salle de presse pour échanger avec les journalistes.
Comme ses millions d’admirateurs, Arnold Palmer a du mal à croire que 50 années se sont écoulées depuis sa dernière victoire à Augusta. Toutefois, il se considère chanceux d’être encore parmi nous et de poursuivre sa mission comme ambassadeur du golf.
«Je suis venu ici pour la première fois en 1955, a-t-il raconté avant de répondre aux questions. J’ai stationné ma remorque près d’un chemin fer fer, puis j’ai conduit mon auto jusqu’au club de golf. Je pensais que je venais de mourir et d’entrer au ciel. Je suis sérieux quand je vous dis cela. J’étais comme sur un nuage. J’étais tellement heureux d’arriver à Augusta et de réaliser le rêve de ma jeunesse».
En 1964, Palmer a remporté sa victoire la plus facile à Augusta. Pour la première fois de sa vie, il a grimpé l’allée du 18e trou avec une avance confortable. Quand il a demandé à son compagnon de jeu Dave Marr s’il pouvait faire quelque chose pour l’aider, ce dernier lui a répondu: «Oui, joue donc neuf coups au 18e!»
Jamais plus
On ne sait jamais ce que l’avenir nous réserve. C’est aussi vrai pour Palmer qui n’a gagné aucun trophée majeur après son triomphe à Augusta en 1964.
«Bien sûr que je suis déçu de la tournure des événements, dit-il. Je me souviens d’avoir très bien joué dans plusieurs tournois majeurs par la suite. J’ai failli gagner le U.S. Open deux ou trois fois, le championnnat de la PGA une ou deux fois. J’ai aussi très bien joué à Augusta, mais mon jeu court n’a pas été à la hauteur de mes attentes.
«Je me demande parfois si je n’ai pas été affecté psychologiquement après avoir atteint les plus hauts sommets, après avoir assouvi mes ambitions les plus profondes. De toute façon, ça n’a plus aucune importance».
Club sélect
Palmer est encore vif d’esprit et il n’a pas perdu son sens de l’humour, pas plus que les principes de vie qui lui ont été inculqués par son père au club de golf Latrobe en Pennsylvanie. Il possède aussi une très bonne mémoire.
«Je me souviens très bien des premiers dîners des Champions, une initiative de Ben Hogan. Nous étions seulement 12 ou 13 dans la salle et je me souviens de tous les visages. J’étais là avec Nicklaus et nous pouvions écouter les histoires de Ralph Guldahl, Sam Snead, Byron Nelson, Jimmy Demaret, Gene Sarazen ou Henry Picard, un de mes favoris. Ces gars-là étaient tous de grands champions.
«Une fois, quelqu’un a dit à la blague que ce serait amusant si nous pouvions limiter notre groupe à 12 ou 13 personnes!»
Tiger et la relève
Le roi du golf se dit impressionné par les jeunes loups de la PGA, la puissance de leurs coups et leur condition physique. Il trouve cependant qu’ils ont tendance à commettre des erreurs en fin de match.
«La recette n’a pas changé, dit-il. Il faut cogner la balle près du trou si on veut réussir des birdies».
Pour ce qui est des malheurs de Tiger Woods, blanchi dans les tournois majeurs depuis 2008, Palmer déclare: «J’ai entendu toutes sortes d’opinions à son sujet, mais les opinions ne valent pas cher la livre. Si Tiger parvient à rester en forme et en santé, je ne vois pas pourquoi il ne pourrait pas redevenir le golfeur qu’il était auparavant. Il a déjà gagné beaucoup de tournois et peut-être devra-t-il se pencher sur l’aspect psychologique de la question».