Un jour, un joueur a dit: «Il y a quatre équipes dans la Ligue nationale: Montréal, Toronto, Chicago et… Gordie Howe!» C’était à l’époque où les Rangers et les Bruins s’échangeaient le dernier rang.
L’ancien joueur étoile des Red Wings n’a pas mérité le sobriquet de «Mr. Hockey» par accident. Il possédait un talent exceptionnel, une force herculéenne, et il était prêt à utiliser tous les trucs, pas toujours catholiques, pour remporter la victoire. Au Canada anglais, il était l’idole de tous les joueurs de hockey, jeunes et moins jeunes.
«Dans mon livre, Gordie a été le Jean Béliveau des Red Wings, affirme Jean-Guy Talbot. En dehors de la patinoire, il était tout un monsieur. Sur la glace, c’était autre chose. Il ne se gênait pas pour se servir de ses coudes et il fallait garder la tête haute quand on jouait contre lui. J’ai déjà goûté à sa médecine. Gordie ne voulait rien savoir dans le feu de l’action. Pour contrer ses efforts, il fallait «jouer l’homme» et ce n’était pas une sinécure.
«Je me considère chanceux d’avoir joué avec les deux plus grands joueurs de mon époque: Gordie Howe et Maurice Richard. Très peu de joueurs peuvent en dire autant».
Il faut savoir que Talbot a passé trois mois chez les Red Wings vers la fin de sa carrière. Il a même été le compagnon de chambre de Howe durant les voyages à l’étranger. «Gordie était un gars d’équipe, mais je me suis vite rendu compte qu’il y avait deux clans chez les Red Wings, celui de Howe et celui d’Alex Delvecchio».
(MARCEL BONIN ne se gêne pas pour dire que Gordie Howe était «salaud et sournois» dans le feu de l’action. Il le connaît bien pour avoir joué avec et contre lui durant les années 1950. Je vous en parlerai dans une prochaine chronique)
Parfois, on s’amusait à dire que Howe ne pouvait rien faire sans demander la permission à son épouse. Je me rappelle d’avoir entendu Maurice Richard y faire allusion. Talbot n’est pas d’accord. «Gordie était trop bonasse en dehors de la patinoire et on l’a exploité. Quand elle a pris conscience de la situation, Colleen a décidé de prendre les choses en mains et elle a été très bonne pour lui en tant que gérante. Il fallait maintenant payer pour profiter de sa célébrité», explique l’ancien défenseur de Cap-de-la-Madeleine.
Respect mutuel
Gordie Howe et Jean Béliveau se sont livré bataille pendant 18 saisons. Une fois à la retraite, ils ont souvent exprimé un profond respect
mutuel même s’ils étaient des joueurs très différents.
Lors d’une grande fête au Centre Bell, il y a huit ou neuf ans, Howe a déclaré: «J’admire le Grand Jean depuis la première fois que je l’ai vu jouer au Colisée de Québec. Il portait les couleurs des As et n’avait que 22 ans. C’était facile de voir qu’il deviendrait une super étoile.
«Jean n’était pas un joueur égoïste et il avait une façon unique de fabriquer des jeux. Je le respecte comme joueur, mais encore plus pour son comportement en dehors de la patinoire. Un parfait gentilhomme, un exemple pour tous les Canadiens».
Au sujet de Maurice Richard, il devait ajouter: «Une fois, je l’ai frappé sans avertissement et il a tourbillonné comme une toupie avant de s’écraser sur la glace. Il ne s’est pas fait mal et j’ai esquissé un sourire. J’ai moins ri lorsque j’ai vu huit joueurs qui fonçaient sur moi!
«J’admirais le Rocket, mais il se semblait pas s’amuser quand il jouait au hockey. S’il ne connaissait pas une bonne soirée, il était prêt à exploser. Ce gars-là n’arrêtait jamais».
L’idole de Gretzky et Orr
Bobby Orr, que je considère comme le meilleur joueur de tous les temps, n’a jamais caché son admiration pour Mr. Hockey. Même chose pour Wayne Gretzky, le recordman des Oilers et des Kings.
En apprenant la mort de son idole, Gretzky a déclaré: «Le jeu a tellement changé depuis 60 ou 70 ans. Mon objectif n’était pas de battre les records de Gordie Howe. C’est arrivé parce que j’avais de très bons coéquipiers. Chaque fois que je m’approchais d’une de ses marques, j’insistais pour qu’il soit présent. C’était ma façon de lui dire merci pour tout ce qu’il a fait pour le hockey».
ALI CONDUIT À SON DERNIER REPOS
Plus de 15 000 personnes ont rendu un dernier hommage à MUHAMMAD ALI à Louisville. Parmi les célébrités, il y avait Bill Clinton, Jim Brown, Arnold Schwarzenegger, Mike Tyson, Lennox Lewis, David Beckham, Will Smith, Whoopi Goldberg et Kareem Abdul-Jabbar.
Comme il fallait s’y attendre, le comédien BILLY CRYSTAL a volé la vedette parmi ceux qui ont été invités à prendre la parole. Voici en gros ce qu’il a dit: «Ali était comme un éclair dans le ciel, une invention de Mère Nature. Il était un mélange de puissance et de beauté. Il a frappé durant les heures les plus noires de l’Amérique. Il nous a forcés à nous regarder nous-mêmes et à nous poser des questions.
«Ce jeune homme impétueux nous a excités, nous a fait fâcher, nous a confondus et nous a provoqués. Vers la fin de sa vie, il est devenu un messager silencieux et il nous a appris que la vie est plus belle quand on construit des ponts entre les gens, pas des barrières».
Le pasteur Kevin Cosby a ajouté: «Ali a osé affirmer que les Afro-Américains étaient capables de réaliser de grandes choses. Il ne craignait pas de dire «Je suis Noir et je suis beau». Je le compare à Jesse Owens, Rosa Parks et Jackie Robinson».
Bill Clinton a déclaré pour sa part: «J’entends Muhammad nous dire qu’il devrait recevoir les éloges d’au moins un président».
Barack Abama n’a pas assisté aux obsèques à cause de la graduation de sa fille, mais il a fait parvenir le message suivant: «Ali était l’Amérique: effronté, provocant, un pionnier, jamais fatigué. Il était toujours prêt à repousser les limites. Il représentait nos valeurs principales: la religion, le droit de parole et le courage».
(Sources: Boston Globe)
Le mot d’humour
Jean Béliveau: «Se rendre dans le coin de la patinoire pour enlever la rondelle à Gordie Howe, c’était comme se battre avec un poteau de téléphone!»