CLAUDE RAYMOND COMMENTE LA MORT DE SON ANCIEN COÉQUIPIER HANK AARON
Claude Raymond a reçu un autre coup de jarnac, ce matin, en apprenant la mort d’HANK AARON, son ancien coéquipier à Milwaukee et à Atlanta.
«Je voyais bien qu’il marchait avec une canne, mais il n’avait pas l’air malade. C’est une grande page de l’histoire du baseball qui s’envole avec son départ. Dans mon livre à moi, il
demeure le vrai champion des coups de circuit. Il n’a pas triché, lui», me dit Frenchie à l’autre bout du fil, faisant bien sûr allusion à BARRY BONDS.
L’ancien releveur des Braves, des Astros et des Expos pourrait parler de son ami Hank pendant des heures et des heures.
«Quand tu lui donnais la main, c’était comme si elle était prise
dans un étau. Il était aussi très fort des avant-bras et il possédait des poignets ultra-rapides. Pour lui, c’était un jeu d’enfant que de frapper la longue balle. Aucune clôture n’était trop éloignée pour lui. Au Polo Grounds de New York, il a été le dernier joueur à cogner la balle par-dessus la clôture du champ centre, à plus de 467 pieds du marbre», poursuit-il.
«Hank était reconnu pour sa puissance au bâton, mais il pouvait tout faire sur le losange. Il pouvait voler un but si la situation le commandait. Il était aussi un fameux voltigeur de droite. Moins spectaculaire que ROBERTO CLEMENTE, mais tout aussi efficace. Bien servi par son intelligence et sa
connaissance des frappeurs adverses, il était toujours placé au bon endroit. Souvent, je courais pour couvrir le troisième but après avoir été cogné solidement, mais Aaron réussissait à capter la balle pour éviter un double.
«Hank a joué à l’arrêt-court et au deuxième but dans les ligues mineures. C’est Charlie Grimm qui l’a converti en voltigeur de droite à Jacksonville. Il avait vu juste. S’il avait joué dans un grand marché comme New York, Los Angeles ou Chicago, il aurait été encore plus populaire».
UN GARS D’ÉQUIPE
Les exploits d’Aaron sur le terrain sont légendaires. Il faut aussi savoir qu’il était un parfait gentilhomme et un gars d’équipe.
«Ce qu’il détestait par-dessus tout, c’était de fendre l’air avec des coureurs en position de compter. Pour lui, c’était la pire insulte. Ce n’est pas un hasard s’il détient le record des points produits (presque 2300). Hank était aussi «one of the boys». Si on décidait d’aller au cinéma, au bar ou au resto, il n’hésitait pas à nous accompagner. Il n’était pas du genre à jouer à la vedette, tout au contraire.
«Une fois où j’étais seul dans le vestiaire, il s’est approché et m’a invité à aller souper avec lui. Je l’ai suivi dans mon auto et nous nous sommes retrouvés dans le quartier noir d’Atlanta. J’étais le seul Blanc sur les lieux. Hank a bien vu que j’étais légèrement inquiet, mais il a vite fait de me rassurer et nous avons passé un très belle soirée».
Il faut savoir qu’Aaron, comme tant d’autres, a vécu pleinement la ségrégation raciale. Au début de sa carrière avec les Braves, l’autobus s’arrêtait pour lui dans le quartier des Noirs avant de poursuivre sa route jusqu’à l’hôtel. WILLIE MAYS et JACKIE ROBINSON ont eu droit au même traitement.
Et que dire des nombreuses menaces de mort qu’il a reçues quand il pourchassait le record de circuits du BAMBINO en 1974? Il voyait bien la haine qui habitait les suprémacistes blancs, mais il a su gérer la terrible pression qui reposait sur ses épaules.
C’est tout pour aujourd’hui. En espérant que la «grande faucheuse» cesse de nous arracher nos héros.