C’est l’histoire du curé Gendron qui s’en va jouer au golf avec Claude Trahan, médecin de Mirabel, Nicolas Gosselin, homme d’affaires de Gatineau, et Jos Bleau, de Saint-Hyacinthe.
Après deux ou trois trous, ils se retrouvent derrière un groupe de golfeurs particulièrement lents.
Jos Bleau dit: «Qu’est-ce qui se passe avec ces gens-là? Ça fait 15 minutes qu’on attend derrière eux?»
– «Je n’ai jamais vu d’aussi mauvais joueurs, ajoute le docteur Trahan, visiblement irrité.
– «Dépêchez-vous, leur lance l’homme d’affaires de Gatineau. Le temps, c’est de l’argent».
– «Voici le marshal qui s’en vient. Allons donc lui faire la jasette», propose le curé Gendron.
– «Bonjour, Georges, dit le M. le curé. Qu’est-ce qui se passe avec le groupe devant nous? Ne trouve-tu pas qu’ils sont très lents?»
– «Vous avez parfaitement raison, répond le marshal. Il faut savoir que ces gens-là sont des pompiers aveugles. Ils ont perdu la vue en étouffant le feu qui ravageait notre pavillon, l’an passé. Pour les remercier, nous leur avons dit qu’ils pouvaient venir jouer gratuitement et aussi souvent qu’ils le voudraient».
Après quelques moments de silence, le curé Gendron dit: «Cette histoire est triste à mourir. Je prierai spécialement pour eux, ce soir».
– «C’est une bonne idée, ajoute le docteur Trahan. Je vais contacter mon collègue ophtalmologiste et voir s’il peut faire quelque chose pour les aider de quelque façon».
– «Je donnerai 50 000$ de ma poche pour aider ces braves gens», poursuit notre homme d’affaires de Gatineau.
– Et Jos Bleau de conclure: «Pouvez-vous me dire ce qui les empêche de venir jouer la nuit, tabarnak?»