Souvenirs, souvenirs.
Nostalgie, quand tu nous tiens…
Cette semaine, le tournoi de la coupe Memorial devient la dernière compétition d’envergure au Colisée de Québec, une vieille bâtisse qui tombe en ruines et que Marcel Aubut, semble-t-il, aurait aimé préserver pour de futurs Jeux olympiques.
C’est l’occasion rêvée de fouiller dans ses souvenirs et de saluer des légendes comme Guy Lafleur, Patrick Roy, Michel Goulet et Peter Stastny avant le grand déménagement au Centre Vidéotron.
Le grand absent est bien sûr Jean Béliveau, décédé l’hiver dernier à l’âge de 83 ans. C’est pour lui qu’on a construit le vieux Colisée de Charlesbourg à la fin des années 1940.
Joueur étoile des Citadelles chez les Juniors et des As dans la Ligue Senior du Québec, le Gros Bill était un patineur magnifique, un joueur d’une intelligence et d’une élégance rares. Le Mario Lemieux d’une autre époque.
Béliveau était si populaire dans la Vieille capitale qu’il est resté un an de plus chez les As avant de faire le saut dans la Ligue nationale.
Presque 20 ans plus tard, il y a eu Lafleur, super héros des Remparts avec Jacques Richard, Buddy Cloutier et André Savard, puis les belles années des Nordiques avec Jean-Claude Tremblay, Marc Tardif, les frères Stastny, Daniel Bouchard, Dale Hunter, Joe Sakic et Michel Bergeron, version francophone de Don Cherry. Sans oublier les Marois, Weir, Dupont, Rochefort et le petit Tatoo.
Les amateurs de hockey de Québec ont été gâtés durant les 65 dernières années. Ils ont aussi vécu des moments très douloureux, dont le départ des Nordiques pour le Colorado. Un départ qu’on voudrait corriger par l’acquisition d’une nouvelle équipe de la LNH, Dieu sait à quel prix?
Vingt ans plus tard, on cherche encore des coupables. Aubut a-t-il voulu vendre pour faire «un coup d’argent»? Parizeau et L’Allier auraient-ils pu en faire davantage pour garder l’équipe à Québec? La grande région de la Vieille capitale a-t-elle vraiment les moyens financiers de s’offrir une équipe de la LNH en 2015? Le débat est loin d’être fini.
Curt Brackenbury
Lorsque je songe au vieux Colisée, je pense comme tout le monde aux confrontations Canadien-Nordiques qui foutaient le bordel aux quatre coins de la province. Une rivalité peu ordinaire qui a aussi entraîné des débordements inexcusables. Comme si c’était «la fin du monde» de gagner ou de perdre contre son ennemi juré. En tout cas, ça servait bien la cause des deux équipes aux guichets.
Quelque part durant l’hiver 1978, je me suis rendu au vieux Colisée pour voir jouer les Nordiques contre l’équipe de l’Armée Rouge. Honnêtement, je m’attendais de voir les Nordiques se faire servir une leçon de hockey, mais c’est tout le contraire qui s’est produit par ce beau dimanche après-midi.
Curt Brackenbury, un illustre inconnu de Kapuskasing, a marqué deux ou trois buts pour mener les Nordiques à une victoire étonnante de 6-1 contre les Rouges. C’est Ed Humphreys, un autre parfait inconnu, qui protégeait la cage des Fleurdelysés. Dans mon livre, cette victoire reste un mystère de la vie. Il faut dire que les Bleus avaient tout un jeu de puissance avec J.C., Tardif, Cloutier, Bernier et Bordeleau.
Et que dire de la tempête de neige qui a suivi? Mon auto est restée ensevelie sous la neige pendant trois jours à L’Ancienne-Lorette. Je ne sais pas pourquoi, mais je pense toujours à ce match hors-concours quand il est question du vieux Colisée.
Je me souviens aussi de ces rencontres passionnées dans la petite salle de presse du Colisée avec les Claude Larochelle, Claude Bédard, Marius Fortier, Guy Lemieux, Roland Sabourin, Gérard Potvin, Jean Gravel, Jocelyn Bourque, Bob Jutras, Claude Cadorette, Albert Ladouceur et j’en passe. On avait tellement de plaisir à se tirer la pipe.
C’est avec Guy Lemieux, grand amateur de golf et de ski, que je riais le plus. Quel personnage!
Je pense enfin à cette citation de mon ami Yvan Cournoyer au sujet des Nordiques: «C’est dur de jouer au hockey avec un drapeau sur les épaules!»