À 78 ans, Claude Raymond a encore la passion du baseball même si les crinières et les longues barbes affichées par certains joueurs lui puent au nez. Par la magie du satellite, il suit tout ce qui se passe. Le baseball fait partie de son ADN.
Je vous livre aujourd’hui les commentaires qu’il m’a faits durant une longue entrevue à son condo de Cocoa Beach. Nous avons alors effleuré de nombreux sujets. Voici ce qu’il avait à raconter:
SES IDOLES DE JEUNESSE: «J’avais une grande admiration pour DUKE SNIDER, puissant frappeur des Royaux de Montréal. Lorsque
j’ai remporté ma première victoire dans l’uniforme des Braves de Milwaukee, j’ai réussi à passer Duke dans la mitaine. Gil Hodges aussi. Je croyais rêver. ROBIN ROBERTS, lanceur étoile des Phillies, était aussi mon idole. Il m’a longtemps servi d’inspiration. Au milieu des années 1960, j’ai eu le bonheur de devenir son compagnon de chambre chez les Astros de Houston. Je me souviens qu’il appelait souvent MARVIN MILLER. Il le suppliait de quitter l’Association des Teamsters pour s’occuper du syndicat des joueurs de baseball. Il a fini par le convaincre et Miller a changé à tout jamais le visage du baseball».
HANK AARON: «Je le connais depuis septembre 1956. En tant que recrue, je lançais alors la pratique au bâton pour les Braves. J’ai été son coéquipier pendant six ans à Milwaukee et à Atlanta. Il n’était pas aussi spectaculaire que WILLIE MAYS et n’avait pas la chance de jouer dans un gros marché comme celui de New York ou San Francisco, mais il était aussi talentueux. Hank avait un meilleur bras que Mays et il pouvait tout faire sur le terrain. Peu de gens le savent, mais il frappait la balle à MAINS RENVERSÉES (cross-hand) quand il évoluait dans la Negro League. Il jouait alors au deuxième but et à l’arrêt-court. C’est BOBBY THOMSON qui l’a converti en voltigeur de droite. Aaron était un gars d’équipe et il fuyait les controverses raciales».
SANDY KOUFAX: «Il avait de grands bras et des doigts extraordinairement longs, si bien qu’il pouvait tenir plusieurs balles dans une seule main. En plus de lancer des petits pois #2, il misait sur une courbe très efficace et un bon changement de vitesse pour tenir les frappeurs hors d’équilibre. Koufax a connu beaucoup d’ennuis avec son contrôle durant les premières années, mais les Dodgers ont continué de lui faire confiance. C’est NORM SHERRY qui lui a appris à viser la cible sans se soucier de son étoffe».
MICKEY MANTLE: «J’ai lancé contre lui dans un match pré-saison à Jacksonville en 1957. Il a déposé un coup retenu parfait avant de voler le deuxième et le troisième but. Heureusement, j’ai réussi à l’empêcher de marquer. Mickey était fort comme un cheval et il avait beaucoup de CHARISME».
BOB GIBSON: «Il avait des fusils dans les yeux, comme MAURICE RICHARD. Il était un très grand athlète. Il a joué pour les Harlem Globetrotters avant de lancer pour les Cards. Quand il grimpait sur la butte, son objectif était d’HUMILIER ses adversaires. Comment oublier ses 15 retraits au bâton contre les Yankees (1963) et ses 17 strikeouts contre les Red Sox en 1967? En pleine Série mondiale!»
WARREN SPAHN: «Il a gagné sa première partie à 26 ans et il a terminé sa carrière avec 363 victoires. Il possédait une bonne rapide et il a développé deux ou trois autres lancers. À 43 ans, il a remporté 23 victoires avec les Braves. Il était dangereux au bâton (26 circuits) et un champion du double-jeu 1-6-3. Il savait aussi comment prendre les coureurs en défaut au premier coussin. Spahn et LEW BURDETTE ont été d’excellents professeurs pour moi et RON PICHÉ».
JEAN-PIERRE ROY: «Je l’ai connu quand il était joueur-gérant des Braves de SAINT-JEAN à la fin des années 1940. J.P. roulait en décapotable blanche et il était le playboy de son époque. Avec son bras de caoutchouc, il a lancé deux parties le même jour, une à Saint-Jean et l’autre à Saint-Hyacinthe. J.P. était une vraie CARTE DE MODE et il avait beaucoup d’entregent. Il était plus connu que plusieurs joueurs des Expos».
JOHN McHALE: «Je l’ai connu lorsqu’il était directeur général des Braves de Milwaukee au début des années 1960. Je gagnais plus d’argent à TORONTO, mais il m’a dit: «Veux-tu jouer à Toronto ou pour les Braves?» À la fin de la saison, il m’a accordé un boni de 3000$, puis il a fait grimper mon salaire à 10 000$ l’année suivante. Plus tard, il est venu me chercher à Houston et j’ai recommencé à lancer pour les Braves. C’est aussi McHale qui m’a permis de finir ma carrière à MONTRÉAL et de devenir commentateur sportif. Il a marqué plusieurs étapes de ma vie».
PETE ROSE: «Je ne sais vraiment pas s’il mérite le pardon du commissaire. Dans le vestiaire, il est écrit noir sur blanc que tu n’as pas le droit de PARIER sur les matchs. Il a transgressé une loi du baseball. La décision est entre les mains de ROB MANFRED, un ancien élève de Bud Selig».
LES SALAIRES D’AUJOURD’HUI: «Je ne suis pas jaloux, mais je dois admettre que j’aurais aimé lancer pour antant d’argent!»
Merci, Frenchie et bonne Série mondiale.
Mot d’humour
«Mon amour, nous avons fait l’amour pendant une heure et cinq minutes. Je trouve que je suis pas mal bon».
– «Mon chéri, j’aimerais te rappeler que nous venons de changer l’heure!»