Henri et Pointu: Et que ça bouge!

Mon ancien collègue Marc De Foy a décidé de lancer une campagne visant à honorer Henri Richard de façon tangible dans un avenir rapproché, préférablement à Laval où il vit depuis plus de 50 ans avec sa belle Lise, l’amour de sa vie.

L’idée est excellente. Henri n’est pas du genre à rechercher les honneurs, mais ses exploits sur la patinoire lui valent une place de choix dans le coeur des amateurs de hockey. Il serait sûrement fier qu’une statue à son effigie soit érigée devant la Place Bell, le futur aréna de Laval.henri

Au Québec, il y a une trentaine de patinoires qui portent le nom d’un ancien joueur du Canadien et une douzaine d’autres qui rendent hommage à des joueurs d’ici qui ont évolué ailleurs dans la Ligue nationale. Il suffit de penser à Maurice Richard, Jean Béliveau, Yvan Cournoyer, Gilles Tremblay, Mike Bossy, Réjean Houle, Dave Keon, Jacques Laperrière, Guy Lafleur, Marcel Dionne, Rod Gilbert, Simon Nolet, Howie Morenz, Mario et J.C. Tremblay, Michel Brière, Doug Harvey, Jacques Lemaire, Marcel Bonin, Mario Marois, Bill Durnan ou Georges Vézina.

L’ancien numéro 16 du Tricolore n’a jamais eu droit à une telle reconnaissance même s’il a accumulé plus de 1000 points dans l’uniforme du Canadien en plus de participer directement à 11 conquêtes de la coupe Stanley, un record qui ne sera jamais battu ou même approché dans le hockey des années 2000.

Quand on lui parle de ses 11 bagues de la coupe Stanley, «le frère à Maurice» dit toujours la même chose: «J’ai eu la chance d’être au bon endroit au bon moment». Il n’en demeure pas mois qu’il a joué un  rôle important dans les succès de son équipe entre 1955 et 1975. Henri se défonçait chaque fois qu’il sautait sur la patinoire et son nom apparaissait très souvent dans le choix des trois étoiles.

Il pourrait se vanter d’avoir marqué deux fois le but qui donnait la victoire à son équipe en finale de la coupe Stanley, mais ce n’est pas son genre. Il a réussi l’exploit contre Roger Crozier en 1966 et il a récidivé face à Tony Esposito cinq ans plus tard.

Frank Selke, qui a bâti la dynastie du Canadien à la fin des années 1940, disait de lui qu’il était son homme le plus travaillant et «le meilleur joueur de la ligue, livre pour livre».

J’appuie donc entièrement les efforts qui seront déployés pour rendre hommage à Henri Richard, un vrai de vrai.

 Un autre oublié

D’autre part, il ne faudrait pas oublier Guy Lapointe, un autre patineur qui a marqué l’histoire des Glorieux.

À une certaine époque, Pointu était le meilleur défenseur de la Ligue nationale après Bobby Orr. En plus de contrer les efforts de l’adversaire, il était parfaitement capable d’appuyer l’attaque grâce à sa vitesse et à la puissance de son tir. guyLapointe

Scotty Bowman a déjà dit de lui qu’il était le joueur le plus talentueux au sein du Big Three. C’est un commentaire qui en dit long. Si les noms de Serge Savard et de Larry Robinson flottent au plafond du Centre Bell, pourquoi n’en serait-il pas ainsi pour Lapointe?

Comme l’a si bien dit Pierre Bouchard: «Est-ce que c’était le Big Two ou le Big Three?»

«Pointu aurait dû être fêté en même temps que Serge et Larry, disait récemment Pierre Mondou. On aurait dû organiser une soirée en l’honneur des trois joueurs. Le Big Three, c’est comme la Punch Line (Blake-Lach-Richard) à Montréal ou la Production Line (Howe-Abel-Lindsay) à Détroit».

Geoff Molson et ses acolytes ont corrigé une erreur en retirant les chandails de Butch Bouchard et d’Elmer Lach. Ils ont maintenant l’occasion d’effacer une autre injustice. On les invite à bouger tout de suite.