Il y a 65 ans cette semaine, Jackie Robinson disputait son premier match dans l’uniforme des Dodgers de Brooklyn, devenant ainsi le premier Afro-Américain à jouer dans les ligues majeures de baseball. Un événement marquant dans l’histoire du sport national des Américains.
Après avoir promis à Branch Rickey de ne pas répliquer aux menaces et aux injures, Robinson est devenu une super-vedette sur le losange et il a fait avancer la cause de ses compatriotes dans la société, du moins jusqu’à un certain point.
Toutefois, une récente enquête de la section sportive du USA Today nous révèle que les progrès ne sont pas toujours aussi rapides qu’on le voudrait. Robinson, qui est décédé du cancer en 1972, ne serait pas content s’il était encore vivant. Même qu’il serait probablement furieux.
En effet, la proportion de joueurs afro-américains a chuté à 8 pour cent. C’est une statistique désolante quand on pense que 17,25 pour cent des joueurs étaient des Noirs en 1959 et que le nombre a grimpé jusqu’à 27 pour cent en 1975.
Le commissaire Bud Selig a tenté de calmer le jeu en disant que les choses allaient s’améliorer grâce au programme qui a été créé pour encourager la pratique du baseball dans les milieux défavorisés.
Dave Stewart, ex-lanceur étoile des Athletics d’Oakland, n’est pas du tout d’accord avec le commissaire. «Bud n’arrête pas de nous dire que les choses vont s’améliorer, mais il n’est pas en position de faire bouger les choses, a-t-il déclaré. Il travaille pour les propriétaires et il ne peut pas les forcer à agir contre leur gré. Au lieu de s’améliorer, la situation se détériore.
«Ils ne veulent pas embaucher les Noirs comme décideurs, certainement pas comme directeur général d’une équipe. Il y a plein de Noirs qui ont les compétences requises et qui pourraient très bien faire le travail. On leur accorde une entrevue, mais on ne les embauche pas».
Les chiffres donnent raison à Stewart. Ken Williams, des White Sox de Chicago, et Michael Hill, des Marlins de Miami, sont les deux seuls Noirs à occuper le poste de direicteur général sur un total de 30 clubs.
En ce qui concerne les gérants sur le terrain, il n’y en a que deux: Ron Washington, des Rangers du Texas, et Dusty Baker, des Reds de Cincinnati.
Stewart lui-même aurait aimé occuper un poste de commande, mais il a fini par se décourager.
«Je pense que Jackie serait très déçu s’il était encore avec nous. Il voudrait certainement qu’il y ait plus de Noirs dans le baseball», a dit Ron Rabinovitz, un ami de l’ancien joueur étoile des Dodgers.
Si la proportion de joueur afro-américains a chuté de façon dramatique, il est intéressant de noter que le nombre de joueurs nés à l’extérieur des Etats-Unis a grimpé pour atteindre 28,4 pour cent. Ces joueurs viennent surtout de l’Amérique latine, en l’occurrence la République Dominicaine, le Mexique et le Vénézuéla.
Pourtant, les Noirs ont déjà eu le haut du pavé. Entre 1990 et 1995, neuf des 12 joueurs par excellence des ligues majeures étaient des Afro-Américains.