La mort nous ramène 40 ans en arrière

Tu visites ton ami Fernand à l’hôpital et tu discutes avec lui en sachant très bien que c’est la dernière fois que tu lui parles. La mort l’attend au fond du couloir. Deux semaines plus tard, il est parti et la vie suit son cours.

En d’autres occasions, c’est un coup de fil à la maison ou un courriel pour m’annoncer que telle ou telle personne est morte ou en phase terminale. Sans compter les multiples avis de décès sur Facebook et ailleurs. Certains jours, cet hiver, j’ai l’impression de succéder à Camille Leduc, responsable des pages nécrologiques dans l’ancien journal de la rue Port-Royal!

Chaque fois que je vois un ami ou une connaissance s’envoler vers le jardin éternel, c’est plus fort que moi. Je pense à Jean-Claude Tremblay, l’ancien magicien du Canadien et des Nordiques. Sur son lit de mort, il m’avait dit: «T’en fais pas, mon p’tit Rousseau. La terre continuera de tourner quand même». Il avait bien raison, l’ami J.C.

Le décès de Claude Ruel nous ramène 40 ans en arrière.

Le décès de Claude Ruel nous ramène 40 ans en arrière, au vieux Forum de Montréal.

En début de semaine, Claude Ruel nous a quittés en vitesse après avoir consacré sa vie au hockey et au Bleu-Blanc-Rouge. Tout le monde aimait Piton… comme tout le monde aimait Jean Béliveau, Gilles Tremblay, Carol Vadnais et Colette Tremblay. Il y a de très bonnes personnes dans la grande famille du Canadien et Réjean Houle fait bien de nous le rappeler de temps en temps.

Inévitablement, la mort nous pousse à puiser dans nos souvenirs, à revivre les bons moments comme les épisodes plus difficiles. En pensant aux derniers disparus, je me dis que la vie a drôlement changé depuis 35 ou 40 ans. En voici d’ailleurs quelques exemples.

Les années 1970

  • À l’époque, le VIEUX FORUM était la mecque du hockey, quasiment un lieu de culte. On allait voir jouer le Canadien en route vers un autre championnat. On ne nous incitait pas à FAIRE DU BRUIT pour animer la soirée.
  • Il y avait entre 12 et 16 clubs dans le circuit ZIEGLER, mais l’invasion des Européens battait son plein dans l’Association mondiale. Juste après la Série du siècle, le hockey était en pleine transformation.
  • La majorité des joueurs refusaient encore de porter le CASQUE PROTECTEUR. Ça faisait plus viril, mais ça faisait plus mal!
  • Les pauvres GARDIENS DE BUT devaient se débrouiller avec de petites jambières, un plastron mince comme une galette et une mitaine de joueur de baseball. Ainsi équipé, ça prenait du cran pour se planter devant les boulets de canon de Bobby Hull, Yvan Cournoyer ou Richard Martin.

    Sam Pollock était roi et maître au deuxième étage.

    Sam Pollock était roi et maître au deuxième étage.

  • Les systèmes défensifs n’étaient pas aussi sophistiqués. Les joueurs s’échangeaient la rondelle TROIS OU QUATRE FOIS avant de foncer au filet. Et on voyait souvent les meilleurs patineurs s’échapper seuls en territoire ennemi.
  • Seulement quatre ou cinq JOURNALISTES accompagnaient le Canadien dans ses déplacements. Plus l’équipe de La Soirée du Hockey, bien sûr. On pouvait s’asseoir SEUL avec un joueur et réaliser une longue entrevue sans se faire déranger.
  • SAM POLLOCK était roi et maître au deuxième étage et il en menait large à travers la ligue. Il possédait un tel pouvoir qu’on l’avait baptisé Le Parrain. Les joueurs devaient se battre farouchement pour lui arracher quelques dollars de plus.
  • CLAUDE MOUTON et CAMIL DESROCHES se chargeaient des relations publiques et médiatiques avec un ou deux adjoints. Le plus gros du marketing se faisait sur la patinoire. À la fin de la soirée, Mouton nous rappelait d’être prudents pour le retour à la maison.
  • Personne n’avait encore entendu parler de L’INTERNET et des communications à grande vitesse.
  • LIONEL DUVAL, souvent mêlé dans ses papiers, nous faisait rire à l’entracte.
  • Entre les périodes, il suffisait de descendre les escaliers en vitesse pour se retrouver dans le LOBBY parmi les partisans.
  • Le SALON DES ANCIENS n’existait que dans la tête de Maurice Richard.
  • Avec 25$, on pouvait se procurer un excellent BILLET.
  • ROGER DOUCET faisait trembler les colonnes du temple de sa voix de ténor.
  • RENÉ LECAVALIER et DANNY GALLIVAN étaient déjà en fin de
    Claude Mouton était relationniste du CH et annonceur-maison.

    Claude Mouton était relationniste du CH et annonceur-maison.

    carrière.

  • GUY LAFLEUR devait faire la grève pour toucher tout simplement le salaire qu’il méritait. Rien à voir avec les millions d’aujourd’hui.
  • SCOTTY BOWMAN et Claude Ruel étaient seuls derrière le banc avec Eddy Palchak et Boom Meilleur.
  • Avec cinq piastres, tu pouvais t’offrir deux roteux et une bière.
  • Il n’y avait pas de 110%, d’ANTICHAMBRE ou de Dave Morissette pour décortiquer chaque jeu ou chaque décision.
  • Il faisait un froid sibérien à l’angle des rues Atwater et De Maisonneuve, mais il y avait quand même quelques chasseurs d’autographes.
  • Pour 10$, vous pouviez regarder la partie «debout» derrière les bleus.
  • Au resto La Mise au Jeu, le «roast beef» de JOHN SCHOFIELD était succulent.
  • Dans les rouges, le samedi soir, les SPECTATEURS étaient vêtus comme s’ils allaient à la messe ou à l’opéra.
  • UN ARBITRE et deux juges de lignes suffisaient à la tâche.
  • L’équipe voyageait souvent dans un avion à HÉLICES.
  • FRANK LÉVEILLÉ s’occupait des réceptions chez Molson et de la tournée de balle molle durant la saison estivale.
  • Le Canadien gagnait la coupe deux fois sur trois et on trouvait ça NORMAL.

P.S. En 2015, le produit est très différent et les méthodes pour le vendre ont beaucoup évolué. Autres temps, autres moeurs. Les Glorieux n’ont pas gagné la coupe Stanley depuis 22 ans, mais ils n’ont jamais eu autant de partisans. Cette équipe est dans nos tripes.

Kane ou Myers

  • Les JETS DE WINNIPEG se croient capables de faire un bout de chemin au printemps. Ils ont donc sacrifié EVANDER KANE et Zach Bogosian pour mettre la main sur TYLER MYERS, Drew Stafford, deux recrues et un choix de première ronde. Il faudra attendre plusieurs mois avant de savoir quelle équipe est gagnante dans cette méga-transaction. Kane n’était plus le bienvenu à Winnipeg, mais il pourrait devenir une grande vedette à BUFFALO lorsqu’il sera en santé. De plus, les Sabres améliorent leurs chances de mettre la main sur CONNOR McDAVID ou l’autre espoir dont j’oublie le nom.
  • Les funérailles de CLAUDE RUEL auront lieu samedi midi en l’église Immaculée-Conception à SHERBROOKE. La famille sera sur place à 10h. pour accepter les condoléances. À la demande du défunt, il n’y aura pas d’exposition.
  • Un match du CANADIEN en plein air pour souligner le 375e anniversaire de Montréal, c’est tout à fait logique. Et L’ÎLE NOTRE-DAME serait sans doute l’endroit idéal à cause du «background». Pourquoi on y a pas pensé avant?
  • Le 56e tournoi Pee-Wee de QUÉBEC est en marche sous la gouverne de PATRICK DOM. C’est la dernière fois qu’il se déroule dans le vieux Colisée. On attend la visite d’ALEX KOVALEV et de sa fille Nikita durant le tournoi.
  • JACQUES VILLENEUVE sera honoré durant le prochain Grand Prix de VALCOURT. Il a triomphé trois fois au pays des Bombardier entre 1986 et 2006.

Le mot d’humour

Petite note sur la table de cuisine: «Chéri, ton souper est dans le livre des recettes à la page 53 et les ingrédients sont à l’épicerie. Bon appétit!»