SHERBROOKE— Les longues cheminées de la papetière Domtar crachent leur fumée sur la petite montagne du 12. Une quinzaine de milles plus loin, le ciel est gris, les canards grelottent dans le lac des Nations et il neige encore un peu sur l’Orford Express. Comme si l’hiver refusait obstinément de céder sa place au printemps.
Avant d’aller voir jouer le Phoenix contre les Huskies, je m’arrête quelques minutes dans un resto de la rue King pour avaler une pointe de pizza et mettre de l’ordre dans mes papiers. Et Dieu sait que j’en ai des bouts de papier!
Je m’en vais voir du hockey junior dans le «nouveau» Palais des Sports, un bijou d’amphithéâtre qui fait la fierté de Sherbrooke et de toute la région. L’ambiance est bonne, le spectacle aussi, mais j’ai l’esprit ailleurs.
Quand arrive le mois de mars, j’ai le vague à l’âme et mon coeur est en Floride. C’est pas compliqué: je m’ennuie de l’époque où j’allais passer six ou sept semaines sous les palmiers pour couvrir le camp d’entraînement des Expos.
Les souvenirs se bousculent dans ma tête: Rusty, Coco, Mack, Stoney, Big John Bateman, Hunt, Morton, Bailey, Frenchie Baby… sans compter Charles et sa pipe, McHale et son drôle de chapeau, Joe Liscio, Harvey Stone, Fanning, le p’tit général et combien d’autres.
Les matchs n’ont aucune espèce d’importance. Les circuits, les buts volés et les retraits au bâton ne voudront plus rien dire quand la saison débutera pour de bon. Le soir, on fait la fête dans les meilleurs restos de Daytona ou de West Palm Beach. Nous sommes tous jeunes et la vie est belle. Notre folle aventure ne se terminera jamais.
Aucun de nos joueurs ne gagne 100 000$ par année, même pas le Grand Orange, adulé d’un bout à l’autre du pays. McHale le proclame intouchable. Pourtant, dans quelques jours, il sera échangé aux Mets en retour de trois jeunes joueurs prometteurs (Foli, Singleton et Jorgensen).
Nos chances de championnat sont nulles, mais nous sommes fiers de notre équipe. Fiers d’avoir notre place dans les grandes ligues avec les Dodgers, les Phillies, les Pirates, les Cards, les Cubs et tous les autres.
On a beau dire et beau faire, Montréal n’est plus la même depuis le départ des Expos. N’étaient-ils pas notre fenêtre sur le monde?
C’est l’argent, le maudit argent, qui a bousillé cette belle organisation. Lorsque les salaires se sont mis à grimper en flèche, Charles Bronfman a vu rouge et il a choisi de quitter le navire. C’était le début de la dérive.
Buck et Felipe ont continué de nous faire rêver quelques années encore, puis la grève est arrivée et elle a tout gâché. Claude Brochu s’est lancé dans les ventes de feu avant qu’un triste vendeur de tableaux ne vienne mettre fin à une très longue agonie.
Cette histoire est bête à pleurer. Avions-nous les moyens de survivre dans cette jungle infernale? Un nouveau stade au centre-ville aurait-il pu relancer la concession vers de nouveaux sommets? Peut-être que oui, peut-être que non. Heureusement, il reste des souvenirs que rien ni personne ne peut nous enlever.
Et Warren Cromartie qui continue de croire au jour de la résurrection!
Que de souvenirs, j ai couvert un camp d entrainement a Daytona Beach et sans remonte a loin. Dick Williams était le gérant, j aimais bien Gene Mauch qui n avait pas peur de sauter sur terrain lors d une bagarre générale pour défendre. Un stade je pense pas quand on aime un sport a l est, au centre-ville, l ouest la distance n a pas pris. Nous étions toujours au match d ouverture avec une gang de chums et s était le party ce jour la. Dommage le baseball me manque ..
Louis Tourangeau- Ste-Agathe