ROUYN-NORANDA— Nous étions plus de 400 personnes dans la grande salle de l’école La Source pour célébrer le 50e anniversaire des Citadelles avec Laurent Laflamme et sa flopée de bénévoles.
Parmi tout ce beau monde, il y avait Pierre Turgeon, ancien capitaine du Canadien, de même que son frère Sylvain qui a connu une belle carrière à Hartford et sur les patinoires européennes. Pierre est venu de Denver et Sylvain de Calgary pour participer aux retrouvailles avec leurs amis du Nord-Ouest.
«C’est incroyable que Pit soit encore à la barre des Citadelles, a dit Pierre Turgeon lors d’une longue entrevue. Je suis ici pour lui rendre hommage et pour saluer le travail des bénévoles durant les 50 dernières années. C’est ici que tout a commencé pour moi et pour de nombreux autres hockeyeurs. Nous avons été chanceux d’avoir de si bons professeurs. Ils nous ont enseigné à partager avec les plus jeunes».
Le magicien de Rouyn a marqué plus de 500 buts dans la Ligue nationale et il a accumulé plus de 1300 points. Des chiffes qui devraient lui permettre éventuellement d’accéder au panthéon de la renommée.
«J’ai connu mes meilleurs moments à Long Island et à Saint-Louis, poursuit-il. J’ai beaucoup appris sous les ordres d’Alger Arbour. À Saint-Louis, j’ai vécu de fortes sensations avec des coéquipiers comme Brett Hull, Chris Pronger, Al MacInnis et Pavol Demitra».
Dure épreuve
Une fois sa carrière terminée, Turgeon a choisi de s’installer à Denver avec sa belle Élizabeth. Une des raisons, c’est que le soleil brille 300 jours par année dans la capitale du Colorado.
Pierre et son épouse ont vécu un drame terrible lorqu’une de leurs filles s’est tuée dans un accident de la route. Heureusement, ils ont trois autres enfants, mais il y aura toujours un «trou béant» dans la famille, précise-t-il.
Brillant joueur de centre, «Sneaky Pete» était capitaine des Glorieux lorsqu’ils sont déménagés du Forum au Centre Molson en 1996. Les anciens lui ont passé le flambeau, mais il n’a pas eu à le tenir très longtemps. Quelques mois plus tard, il passait aux Blues après avoir frappé trois fois à la porte de Réjean Houle pour demander un échange.
Presque 20 ans plus tard, Houle reconnaît qu’il aurait probablement dû refuser d’échanger un joueur aussi talentueux, quitte à demander à Vincent Damphousse d’évoluer sur le flanc gauche. Par contre, il voulait ajouter du muscle à sa formation (Shayne Corson et Murray Baron).
«Mon rôle avait changé au sein de l’équipe. J’ai demandé de partir parce que je ne voulais pas ralentir ma carrière», dit simplement Turgeon.
Ce qu’il ne dit pas, c’est qu’il était habitué de gagner sa vie aux États-Unis et qu’il ne tenait pas particulièrement à supporter la pression de Montréal. On ne saura donc jamais ce qui se serait produit s’il avait joué plus longtemps pour le Canadien.
À 44 ans, il est dans une forme resplendissante. Il ne joue plus au hockey, mais il fait beaucoup de vélo. Il prend aussi beaucoup de son temps pour enseigner le hockey à sa fille Valérie. Il se réjouit de l’entrée en scène de Joe Sakic et de Patrick Roy à la barre de l’Avalanche et n’écarte pas la possibilité de s’impliquer dans le club des Anciens. Chose certaine, il demeure un monsieur avec un grand M.