À l’été 2010, Jocelyn Thibault participait à un tournoi de golf dans la région de Sherbrooke lorsque le maire Bernard Sévigny et le conseiller municipal Bruno Vachon l’ont approché pour lui demander s’il serait intéressé à faire revivre le hockey junior majeur dans la Ville reine des Cantons de l’Est.
Thibault, qui supervisait alors la construction du complexe Thibault GM pas très loin de l’Université de Sherbrooke, a accepté sans hésiter de se lancer dans cette folle aventure.
«Si je pense que je peux faire partie de la solution, je n’hésite pas à foncer, me disait-il avant le match Tigres-Phoenix, cette semaine. Il me fallait d’abord trouver une équipe et des investisseurs. J’avais aussi besoin de l’appui de Gilles Courteau, commissaire de la LHJMQ, ce qui n’a pas été difficile à obtenir. Gilles était en faveur du retour du junior majeur à Sherbrooke avec une bonne organisation.
«En ce qui concerne les investisseurs, je suis d’abord allé voir Denis Bourque, des restos Tim Horton’s, puis j’ai contacté Ronald Thibault, concessionnaire GM à Sherbrooke, et Stéphane Robidas, défenseur des Stars de Dallas. En l’espace de quelques mois, nous avions trouvé les appuis nécessaires. Nous avions les reins solides et le désir de nous impliquer à long terme».
Pas Lewiston
La solution la plus facile aurait été d’acheter la concession de Lewiston pour la déménager à Sherbrooke, mais ce n’était pas possible parce que le Saint-François de Sherbrooke (hockey senior) était alors le locataire principal au Palais des sports.
Il y a également eu des pourparlers avec Serge Savard concernant la possibilité d’acheter le Rocket de l’Ile-du-Prince-Édouard, mais ça n’a pas fonctionné.
«Au lieu d’acheter Lewiston (ou toute autre équipe), nous avons choisi de partir à zéro, ajoute Thibault. Notre idée était de vendre un nouveau produit et de créer une nouvelle ambiance au Palais des sports. Il n’était pas question de faire revivre les Castors une deuxième fois. La Ville de Sherbrooke a accepté d’investir beaucoup d’argent dans la rénovation de l’aréna et nous avons signé un bail de 15 ans».
C’est ainsi qu’est né le Phoenix, une équipe d’expansion qui devra manger son pain noir avant de devenir une puissance de la LHJMQ. Si je me fie à ce que j’ai vu mardi soir, il s’agira d’un travail de longue haleine. Ça pourrait même prendre trois ou quatre ans, ce qui risque de taper sur les nerfs des partisans.
On a cru pendant un certain temps que Sylvain Lefebvre se verrait confier le mandat de diriger la nouvelle équipe, mais le «timing» n’était pas bon. L’ex-défenseur vise une carrière dans la LNH et il a plutôt choisi de piloter le club-école du Canadien à Hamilton.
On a alors étudié d’autres candidatures avant de confier l’équipe à Judes Vallée, un homme qui a fait ses preuves derrière le banc des Cougars de Lennoxville.
«Judes est un entraîneur très rigoureux et il est reconnu pour bien préparer sa troupe, dit Thibault. Avec une si jeune équipe, il doit évidemment s’armer de patience. Pour avoir du succès dans cette ligue, il faut d’abord insister sur le coup de patin et sur le «hockey sense».
Il faudra aussi ajouter du muscle si on veut rivaliser avec les meilleures formations du circuit Courteau.
Jusqu’ici, la réponse du public est excellente. Même si l’équipe traîne de la patte, elle attire environ 3000 spectateurs par match dans son «mini Centre Bell». Les loges sont toutes occupées et les commandites sont au rendez-vous.
Comme dirait l’autre, c’est «tout nouveau, tout beau». Les Sherbrookois sont cependant exigeants et il faudra leur offrir une équipe plus représentative si on veut conserver leur fidélité. Thibault et ses lieutenants ont du pain sur la planche.