AUGUSTA, Géorgie— Dans la salle de presse du Masters, il y a un vieux journaliste de 83 ans qui se traîne les bottines en surveillant calmement ce qui se passe autour de lui.
Dan Jenkins, pour ne pas le nommer, est originaire de la région de Dallas-Fort Worth. Durant sa jeunesse, il s’est lié d’amitié avec un certain Ben Hogan et ce dernier lui a enseigné comment devenir un très bon golfeur. Il n’a cependant pas abandonné sa machine à écrire et il est devenu un chroniqueur de golf très respecté au pays de l’Oncle Sam. Tellement qu’il peut stationner son automobile près de celle du président Billy Payne au club Augusta National.
À Augusta, Jenkins fait en quelque sorte partie des meubles pour la simple et bonne raison qu’il assistait au tournoi pour une 63e année consécutive. Voilà un record qui sera difficile à battre!
Dans un récent article pour la revue Golf Digest, Jenkins s’est amusé à fouiller dans sa boîte de souvenirs du Masters depuis 1951. Voici ce qu’il en résulte:
- LE MEILLEUR COUP DE NICKLAUS: Tout le monde parle de la victoire improbable de Jack Nicklaus à l’âge de 46 ans, mais il a peut-être fait encore mieux lorsqu’il a coiffé Johnny Miller et Tom Weikopf au fil d’arrivée en 1975. Sous pression, il a alors frappé un coup de fer 1 absolument parfait au 15e trou, puis il a calé un roulé de 40 pieds au 16e pour distancer ses rivaux.
- LE RETOUR DE CURTIS STRANGE: En 1985, Curtis Strange a joué 80 en première ronde du Masters, résultat de six verts de trois coups roulés, mais il a refusé les bras. Il a retranché 15 coups à la normale en l’espace de 48 trous et il est venu de bien près de gagner le tournoi. C’est finalement Bernhard Langer qui a remporté la victoire.
- LES MEILLEURS DE TOUS: Selon Jenkins, les meilleurs joueurs de l’histoire du Masters s’appellent Ben Hogan, Jack Nicklaus, Arnold Palmer, Tiger Woods, Sam Snead, Phil Mickelson, Gary Player, Seve Ballesteros, Jimmy Demaret, Nick Faldo, Ben Crenshaw et Billy Casper. Aurait-il oublié Byron Nelson?
- LES MEILLEURS QUI N’ONT PAS GAGNÉ: Ernie Els, Lloyd Mangrum, Ken Venturi, Gene Littler, Tom Weiskopf, Julius Boros, Greg Norman, Curtis Strange, Lanny Wadkins et Hale Irwin. Pas un mot sur Johnny Miller.
- CE QU’IL AURAIT AIMÉ VOIR (et n’a pas vu): l’albatros de Gene Sarazen en 1935; la victoire de Byron Nelson dans un duel épique avec Ben Hogan en 1942; Bobby Jones en pleine action durant les années 1930; le vieux balcon qui servait de salle de presse; les trois victoires de Jimmy Demaret.
- LES MEILLEURES DÉCISIONS: quand on a inversé les deux neufs trous en 1935 et quand on a accepté deux femmes au sein du club Augusta National, l’an passé.
- LES PLUS BELLES TRADITIONS: la cérémonie de la première balle avec les légendes du golf; la participation des golfeurs amateurs; la présence des anciens champions; le gros arbre près du pavillon principal.
- LES MEILLEURS PRÉSIDENTS: Cliff Roberts, Hord Hardin, Hootie Johnson et Billy Payne.
- LES PLUS GRANDES AMÉLIORATIONS: la nouvelle salle de presse et la salle d’entrevues; le nouveau tertre de départ du 18e trou; la panoplie de nouveaux restaurants dans la ville d’Augusta.
- LES ENDROITS LES PLUS DANGEREUX: Rae’s Creek au 12e trou; le lac devant le 15e vert; l’eau à gauche du 11e trou; les arbres géants qui longent le 18e trou par la droite; la fosse de sable à la droite du 16e trou; l’arbre Eisenhower au 17e trou; le ruisseau diabolique devant le vert du 15e trou.
- LES MOMENTS LES PLUS TRISTES: l’effondrement de Greg Norman face à Nick Faldo en 1996; le double-bogey d’Arnold Palmer au dernier trou en 1961; les déboires de Ken Venturi (encore amateur) en ronde finale en 1956.
- DES MOMENTS ÉMOUVANTS: la victoire du jeune Seve Ballesteros en 1980 et celle de Ben Crenshaw en 1995; l’entrée en scène de Tiger Woods en 1997 et son coup miracle en 2005; le coup de fer de Phil Mickelson derrière les arbres du 13e trou, en 2010.
P.S. Si je peux ajouter mon plus beau souvenir, le voici: la première fois que j’ai mis les pieds à AMEN CORNER, au printemps 2003. Je croyais entrer au paradis.