Merion et Lee Trevino

Même s’il a été allongé de presque 500 verges depuis le début des années 1980, le parcours du club Merion, site de l’Omnium des États-Unis, reste passablement court pour les magiciens de la PGA et les meilleurs golfeurs amateurs de la planète.

À une époque où les champions s’amusent à cogner la balle de plus en plus loin, ce n’est pas un parcours de 6996 verges qui les fera trembler… sauf si on laisse pousser l’herbe de chaque côté de l’allée et si on rase les verts à un indice de 13 ou 14, comme c’est le cas cette semaine.

À cause de la pluie tombée durant les derniers jours, les verts du club Merion seront plus réceptifs au début du tournoi. Si le soleil et le vent se mettent de la partie, on aura droit à plusieurs surprises en fin de semaine. Chose certaine, le club Merion a été choisi par la USGA parce qu’il force les compétiteurs à redoubler de prudence, tant sur le tertre de départ que sur le coup d’approche. Si votre balle repose au mauvais endroit sur le vert (en pente descendante), vous avez de fortes chances d’avoir besoin de trois coups roulés avant de loger la balle dans la coupe.

Lee Trevino, un golfeur comme il ne s'en fait plus, a vaincu

Lee Trevino, un golfeur comme il ne s’en fait plus, a vaincu Jack Nicklaus en ronde éliminatoire au club Merion, en 1971.

Situé en banlieue de Philadelphie, le club Merion possède un riche passé. C’est là que Ben Hogan a frappé le coup de fer 1 le plus célèbre de l’histoire du golf, au début des années 1950. C’est également à cet endroit que Lee Trevino a remporté une de ses plus belles victoires, aux dépens de Jack Nicklaus, en 1971.

Une affaire de confiance

Comme il fallait s’y attendre, Trevino a été interviewé en long et en large durant les derniers mois et il ne s’est pas fait prier pour raconter son triomphe contre Nicklaus dans les moindres détails, y compris le serpent de caoutchouc qu’il a lancé en direction de son rival avant le début de la ronde finale et la bourse de 3000$ qu’il a versée à l’étudiant qui lui servait de caddie. Soit dit en passant, Nicklaus n’a pas peur des serpents de caoutchouc et cet incident ne l’a pas énervé pour cinq sous.

«Super Mex» était à son apogée en 1971. En l’espace d’un mois, il a gagné trois championnats nationaux: l’Omnium des États-Unis à Merion, l’Omnium canadien au club de la Vallée du Richelieu et l’Open de Grande-Bretagne à Royal Birkdale. Il jouait super bien et son vieux putter Wilson, modèle 8802, répondait à l’appel. En ronde éliminatoire à Merion, il a joué 68 pour battre Nicklaus par trois coups.

Ça n’enlève rien au respect que Trevino voue au Golden Bear. À ce sujet, il a raconte une anecdote intéressante. Ça se passait à Pebble Beach en 1969. Trevino avait déjà une victoire majeure derrière la cravate, mais il lui arrivait encore d’avoir des doutes sur son jeu. Il se demandait s’il assez bon pour tenir tête aux meilleurs joueurs de son époque.

Jack Nicklaus a toujours dit que Lee Trevino avait été un de ses adversaires les plus coriaces.

Jack Nicklaus a toujours dit que Lee Trevino avait été un de ses adversaires les plus coriaces. (Photo time.com)

Un jour, Nicklaus s’est approché de lui et lui a dit gentiment: «Lee, tu n’a pas idée à quel point tu as du talent». Il n’en fallait pas davantage pour que Trevino prenne confiance en ses moyens et devienne un grand champion.

Quand on parle des légendes du golf, on avance toujours les noms de Jones, Nicklaus, Palmer, Snead, Nelson et Hogan, mais on fait rarement allusion à Trevino. L’ancien caddie de Dallas a pourtant gagné 29 tournois de la PGA, y compris six victoires dans les tournois majeurs. C’est une de plus que Seve Ballesteros et une de moins que Palmer.

Trevino a gagné autant de tournois (29) sur le circuit des Vétérans et il a été un formidable ambassadeur pour son sport. Je n’oublierai jamais la table ronde en sa compagnie au club Islesmère et sa dernière visite au club Royal Québec en 1983. Avec un coup d’approche absolument parfait, il avait coupé les jambes de son rival nippon pour se sauver avec le trophée.