Palmer et Nicklaus: 50 ans de rivalité et d’amitié

Il y a quelques semaines, Arnold Palmer est devenu le sixième athlète à recevoir la médaille d’or du Congrès américain.

Avant lui, cette médaille avait été remise à Roberto Clemente, Joe Louis, Byron Nelson, Jesse Owens et Jackie Robinson, cinq autres champions qui n’ont pas besoin de présentation.

Lors de la cérémonie officielle à Washington, on a invité Jack Nicklaus à faire l’éloge de son ancien rival. Le Golden Bear n’a pas hésité une seconde et il a fait les choses avec toute la classe qu’on lui connaît. Voici en résumé ce qu’il avait à dire de son vieux pote:

«La première fois que j’ai vu Arnold Palmer, j’avais seulement 14 ans. C’était juste avant le championnat amateur de l’Ohio. Il pleuvait des cordes, mais Arnold continuait de frapper des balles dans le champ d’exercice. Je me souviens d’avoir été impressionné par ses grosses mains et ses larges épaules.

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Jack Nicklaus et Arnold Palmer: une rivalité et une amitié qui durent depuis plus de 50 ans. Nicklaus a récemment rendu hommage à son vieux pote lors d’une cérémonie à Washington. Son discours est passablement touchant.

«Quatre ans plus tard, nous avons joué ensemble pour la première fois lors d’une fête en l’honneur de Dow Finsterwald, nouveau champion de la PGA. C’était le 25 septembre 1958. Ce jour-là, Arnold a réussi huit birdies et un eagle pour inscrire un pointage de 62. Je me suis dit que j’avais du pain sur la planche si je voulais finir par le battre!

«J’étais une verte recrue de 22 ans lorsque nous avons participé ensemble au Phoenix Open de 1962. Arnold a gagné le tournoi par 12 coups. Sur le tertre de départ du 18e trou, il savait que j’avais la chance de terminer deuxième. Il a mis son bras autour de mon épaule et m’a dit de relaxer, que c’était un trou facile et que je pouvais très bien réussir le birdie. C’est en plein ce que j’ai fait. Arnie était en train de gagner le tournoi, mais il a pris la peine de m’encourager. Ce sont des choses que tu n’oublies pas».

À OAKMONT

«Quelques mois plus tard, j’ai gagné l’Omnium des Etats-Unis à Oakmont, dans la cour du grand Arnold Palmer. Avant la prolongation, il est venu me trouver sur le vert d’exercice et m’a offert de diviser la bourse, comme c’était alors la coutume. Il savait que ce montant d’argent m’aiderait à lancer ma carrière. J’ai vraiment apprécié son geste.

«Un peu plus tard, Mark McCormack a fondé la compagnie IMG. Puisque Arnold et moi étions parmi ses clients, il nous a fait jouer toutes sortes de tournois et de matchs hors-concours à travers la planète. Nous avons joué et voyagé ensemble, nous avons ri ensemble et nos femmes sont devenues de très bonnes copines.

«Certes, nous avons eu des batailles de titan à Oakmont, à Baltusrol, à Augusta et partout à travers le monde. Il voulait ma peau et moi la sienne. Je devais aussi affronter sa légion d’admirateurs (Arnie’s Army). Il me traitait à la fois comme un adversaire et comme son ami. Cinquante ans plus tard, je suis fier de dire qu’il est encore mon ami»

LE HÉROS PARFAIT

«Notre compétition ne se limitait pas aux tournois majeurs. On se disputait aussi les contrats de publicité et la création de nouveaux terrains de golf. Si j’avais un problème à résoudre, je savais qu’il était là pour moi et vice-versa.

«Arnold Palmer était le héros de tous les amateurs de golf. Il était l’exemple parfait du gars qui a grandi dans un milieu modeste et qui a trimé dur pour atteindre le sommet. Il a gagné quatre fois le veston vert, mais il n’a jamais perdu son étiquette de col bleu.

«Il est arrivé à une époque où le golf avait besoin d’un gars comme lui. Avec son flair, son charisme, sa chemise retroussée et sa façon de relever la ceinture, il était le héros parfait pour la télévision. Il avait le don de se tirer des pires embûches et les gens s’identifiaient facilement à lui, tant et si bien qu’il est vite devenu le favori de la foule.

«Ensemble, Arnold et moi avons gagné juste un peu plus de 10 millions en bourses durant nos carrières. Aujourd’hui, il y a des joueurs qui gagnent 10 millions dans une seule année. Tant mieux pour eux. Toutefois, ils ne devraient pas oublier de remercier Arnold Palmer. Ils devraient comprendre et apprécier ce qu’il a fait pour que le golf devienne un sport aussi populaire.

«Il faut aussi saluer tout le bien qu’il a fait avec la Fondation qui porte son nom. Le golf a été bon pour lui, mais il en a redonné encore plus à son sport. On lui décerne aujourd’hui la médaille d’or du Congrès américain. C’est pleinement mérité et j’espère que les gens n’oublieront pas son héritage».

(Source: Golf Digest, décembre 2012)