Guy Lapointe, un acteur majeur dans les succès du Canadien durant les années 1970, obtiendra finalement son dû, samedi soir, lorsque son chandail numéro 5 ira rejoindre ceux de Serge Savard et de Larry Robinson dans les hauteurs du Centre Bell.
C’est la consécration, l’apothéose d’une très belle carrière. Ceux et celles qui ont vu jouer Pointu savent qu’à son apogée il était aussi habile et compétent que n’importe quel autre défenseur de la Ligue nationale… exception faite d’un certain Robert Gordon Orr.
Excellent patineur, ce fils de pompier possédait aussi un tir foudroyant et pouvait tout faire sur la surface glacée. Il pouvait aussi bien «tuer une punition» que faire fonctionner le jeu de puissance. On l’utilisait même comme ailier pour aller chercher le gros but en fin de match. Il pouvait aussi jeter les gants lorsque ça devenait nécessaire. Il était ce qu’on appelle un joueur complet.
Pointu a gagné six fois la coupe Stanley. Il a participé à la victoire du Canada dans la Série du siècle et il a connu trois saisons de 20 buts. S’il n’a jamais raflé le trophée Norris, c’est d’abord à cause de Bobby Orr, mais aussi à cause de Denis Potvin qui est vite devenu le leader des Islanders, et de Larry Robinson qui a profité de l’appui indéfectible de Serge Savard pour arracher deux fois le trophée.
Bons professeurs
Lapointe n’est pas dupe. Il sait très bien qu’il n’aurait pas obtenu autant de succès s’il n’avait pas joué pour une grande équipe et une grande organisation. À ses débuts avec le grand club, il a su assimiler les précieux conseils de Jean-Claude Tremblay et de Claude Ruel. Il reconnaît aussi que Scotty Bowman, intransigeant envers tous et chacun, avait le don de l’obliger à fournir sa pleine mesure.
Comme Bernard Geoffrion, Doug Harvey, Jacques Plante et Guy Lafleur, Pointu a dû s’exiler pour compléter sa carrière dans la LNH. Le Canadien l’a laissé partir à cause d’une baisse de régime engendrée par l’usure du temps et ses problèmes personnels (divorce). Ça fait partie de la vie d’un joueur de hockey. Tout n’est pas parfait en ce bas monde.
On vous fera grâce de tous les tours pendables qu’il a joués à ses compagnons de jeu dans le simple but de créer un meilleur esprit d’équipe. Ils ont presque tous goûté à sa médecine, même Bowman, Frank Mahovlich et Ken Dryden. Lorsque le premier ministre Pierre Elliott Trudeau est allé faire son tour dans le vestiaire du Canadien après une victoire importante, Pointu lui a tendu une main pleine de vaseline. Ça prenait un certain culot!
J’ai moi-même été sa victime après un exercice de l’équipe à Squaw Valley, à la fin des années 1970. Je voulais me faire plaisir en allant patiner en haute altitude. De retour au vestiaire, mes souliers étaient pleins de crème à barbe et mes caoutchoucs coupés en mille morceaux. Croyez-vous que j’ai eu beaucoup de mal à trouver le coupable?
Samedi soir, nous serons des milliers pour rendre hommage à un défenseur qui nous a fait vivre de très beaux moments. Accompagné de sa belle Louise et des membres de sa famille, Pointu dira merci avec toute l’humilité qu’on lui connaît. Ce sera une soirée inoubliable.
P.S. À venir demain: les commentaires de SERGE SAVARD et YVON LAMBERT.
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