Honnêtement, je n’ai pas l’intention de me lancer dans une croisade semblable à celle de Ron Fournier pour le retrait du chandail d’Émile (Butch) Bouchard. Je ne crois pas que ce soit mon rôle, mais je poursuivrai mes humbles démarches pour que le nom de Guy Lapointe soit immortalisé par le Canadien de Montréal.
Le micro en main quatre ou cinq soirs par semaine, Ron a profité de sa tribune et de sa notoriété pour vanter les mérites de l’ancien capitaine jusqu’à ce que la direction du Canadien lui donne raison. Je lui dis bravo.
J’espère seulement que Geoff Molson lira cette chronique ou que quelqu’un dans l’organisation lui en fera part. Je souhaite aussi que d’autres journalistes emboîtent le pas dans le but de corriger une injustice flagrante. Ron le premier!
À mon avis, Guy Lapointe appartient aux légendes du Canadien de Montréal et son chandail numéro 5 devrait flotter au plafond du Centre Bell au même titre que ceux de Serge Savard et de Larry Robinson, les deux autres membres du célèbre «Big Three».
Voici les raisons qui justifient un tel hommage:
- Guy Lapointe pouvait se distinguer dans toutes les phases du jeu et Scotty Bowman n’hésitait jamais à faire appel à ses services en fin de match, que ce soit pour aller chercher le but égalisateur ou préserver une mince avance.
- En plus de savoir comment stopper l’adversaire, Pointu était un champion de la contre-attaque. Il a terminé sa carrière avec 171 buts et il en a préparé plus de 450 autres. Il a également connu trois saisons consécutives de 20 buts et plus entre 1974 et 1977.
- Il a joué un rôle majeur dans six conquêtes de la coupe Stanley durant les années 1970.
- Joueur de tours indomptable, il a longtemps été le boute-en-train de l’équipe. Sa seule présence dans le vestiaire permettait à ses coéquipiers de se détendre devant les situations les plus corsées.
- Avec une expérience limitée, il a pris la place de Jacques Laperrière et il a contribué largement à la victoire du Canada dans la Série du siècle (1972).
- Ken Dryden a dit de lui qu’il était le meilleur défenseur de la ligue après Bobby Orr. «Au début et au milieu des années 1970, Pointu était le meilleur après Orr, a-t-il écrit dans son livre The Game. Il était fort, patinait comme un engin et possédait un puissant tir. Il était explosif. Il jouait avec émotion et pouvait changer rapidement l’allure du match en notre faveur. À ne niveau, il était supérieur à Larry Robinson et à Denis Potvin». Ça en dit long sur notre champion!
- Lapointe a été aussi efficace dans les séries de la coupe Stanley, amassant 26 buts et 44 passes en 123 parties.
- Il a connu une triste fin de carrière à Saint-Louis et à Boston, mais ce n’est pas là-dessus qu’il doit être jugé. Plusieurs autres grands noms ont vécu une fin de parcours difficile.
- Il est allé à l’école de Jean-Claude Tremblay et il n’existait pas de meilleur professeur.
- Il travaille comme recruteur-chef pour le Wild du Minnesota depuis l’an 2000, mais il a encore le CH tatoué sur le coeur. C’est avec humilité et fierté qu’il accepterait un tel honneur.
Ça ne suffit pas comme explications? Je pense bien que oui. Allez, M. Molson. Analysez la situation avec vos proches conseillers et corrigez cette injustice le plus vite possible.