Ça se passe à Shawinigan. C’est l’histoire de Jean-Luc qui rend visite à son ami Réal, barbier de son métier.
– Alors, ça va, mon cher Jean-Luc?
– Ça va comme sur des roulettes, mon cher Réal. D’ailleurs, je pars mardi pour des vacances à Rome.
– Rome? Mais pourquoi vas-tu là? La ville est sale, polluée et infestée
d’Italiens. Faut être un peu fou pour aller à Rome. Et avec quelle compagnie est-ce que tu feras le voyage?
– J’ai choisi Alitalia.
– On ne peut pas dire que t’es peureux. Ils ont de vieux avions rafistolés, le service à bord est mauvais et les horaires ne sont jamais respectés. Une fois rendu à Rome, à quel hôtel est-ce que tu comptes t’installer?
– J’ai une réservation au Luxor centre-ville.
– Ce taudis est le pire hôtel de Rome. Les chambres sont grandes comme ma main et le service est nul. Ça ne vaut pas le prix exigé. Un vrai vol. Au fait, pourquoi as-tu choisi d’aller à Rome?
– Je veux visiter le Vatican et, si possible, rencontrer le Saint Père.
– Ça, c’est la meilleure! Vous serez des milliers de personnes sur la Place Saint-Pierre et tu seras chanceux si tu parviens à apercevoir la silhouette du pape. Bonne chance, mon ami. T’en auras besoin.
Un mois plus tard, Jean-Luc retourne au salon pour sa coupe de cheveux habituelle.
– Alors, Jean-Luc. Comment s’est passé ton voyage? Je parie que le vol sur Alitalia a été le pire de toute ta vie.
– C’est plutôt l’inverse qui s’est produit. J’ai fait le trajet dans un Airbus flambant neuf et l’horaire a été respecté à la minute près. Comme il y avait un surplus de réservations en classe économique, j’ai déménagé en classe Affaires sans payer un sou de plus. Les hôtesses étaient jolies et absolument charmantes.
– Et à l’hôtel? J’imagine que c’était l’enfer.
– Pas du tout. Ils viennent de terminer les travaux de rénovation et le Luxor est maintenant considéré comme un des meilleurs hôtels de Rome. Par un concours de circonstances, j’ai hérité de la suite royale sans débourser un dollar de plus.
– Tant mieux pour toi. Tout cela est étonnant, mais ne me dis pas que tu as réussi à voir le pape?
– À un moment donné, un garde de sécurité est venu me voir pour me dire que le pape aimait rencontrer personnellement certains touristes. Il a ajouté que je pouvais le rencontrer en audience privée si tel était mon désir. Bien sûr, j’ai accepté sur le champ. C’est une offre qui ne se refuse pas. Au bout de quelques minutes, le pape est entré dans le salon. Il m’a serré la main et je me suis agenouillé pendant qu’il me disait quelques mots à l’oreille.
– Et qu’est-ce qu’il t’a raconté?
– Ah, pas grand chose. Il a posé sa main sur ma tête, puis il m’a dit simplement: «Veux-tu bien me dire quel barbier de merde t’a fait une coupe de cheveux aussi affreuse?