Esposito n’a pas encore pardonné à Sinden

Phil Esposito, maintenant âgé de 72 ans, n’a pas encore pardonné à Harry Sinden de ne pas lui avoir parlé le jour où il l’a échangé aux Rangers de New York en compagnie de Carol Vadnais, au milieu des années 1970.

C’est l’entraîneur Don Cherry, encore en pyjama, qui lui a appris la nouvelle à 7h. le matin dans un hôtel de Vancouver. Cherry a été presque aussi surpris d’apprendre que Vadnais avait une clause de non-échange dans son contrat. Sinden ne le savait même pas!

Le grand Phil, auteur de plus de 700 buts dans la Ligue nationale, a partagé la vedette avec Bobby Orr pendant huit ans au vieux Garden de Boston avant de passer aux Rangers avec Vad, le 7 novembre 1975. En retour, les Bruins obtenaient Brad Park, Jean Ratelle et un certain Joe Zanussi. Une des plus grosses transactions dans l’histoire du hockey.

Phil Esposito était furieux le jour où il a été échangé aux Rangers de New York.

Phil Esposito était furieux le jour où il a été échangé aux Rangers de New York. (Photo vancouversun.com)

Quelques années auparavant (mars 1967), Esposito a été impliqué dans une autre méga-transaction. Alors jeune joueur de centre des Blackhawks, il a pris la direction de Boston en compagnie de Fred Stanfield et de Ken Hodge. En retour, les Hawks obtenaient Pit Martin, Gilles Marotte et Jack Norris. Un échange à sens unique qui a propulsé les Bruins vers le sommet après plusieurs années de vaches maigres.

«Phil n’était pas le plus rapide, mais il était un bon fabricant de jeux et il savait quoi faire avec la rondelle devant le filet adverse. Nous avions besoin d’un joueur comme lui. Comme je savais qu’il était à couteaux tirés avec l’entraîneur Billy Reay, j’ai tendu une perche et l’échange a pu être conclu», raconte Milt Schmidt, alors directeur général adjoint des Bruins, dans une entrevue à Dan Moriarty (ESPN Classic).

Il ne voulait pas partir

Esposito était dévasté lorsque Cherry lui a appris la nouvelle. Il ne voulait pas quitter Boston, surtout pas pour aller jouer à New York. C’est Vadnais qui a dû lui remonter le moral, lui expliquer qu’il pourrait se mettre en évidence et gagner beaucoup d’argent dans un marché comme celui de Manhattan.

Cinq fois champion marqueur de la LNH et double vainqueur du trophée Hart, Esposito a connu les plus beaux moments de sa carrière à Boston. Avec la complicité du génial Bobby Orr, il a atteint quatre fois le plateau des 60 buts, dont un sommet de 76 en 1970-71. À six reprises, il a accumulé plus de 120 points en saison régulière. Il a aussi participé à deux conquêtes de la coupe Stanley avec une équipe qui n’avait pas réussi l’exploit depuis 1941.

«Quand je suis arrivé à Boston, je n’en croyais pas mes yeux de voir à quel point Bobby Orr était rapide. Il volait littéralement sur la patinoire. Nous avions une équipe formidable. J’ai adoré jouer pour les Bruins. J’aurais juste voulu être célibataire, comme la majorité de mes coéquipiers!», déclare l’athlète de Sault-Sainte-Marie.

Au vieux Garden, Espo a vécu un moment magique le soir où le jeune Raymond Bourque s’est présenté devant lui au centre de la patinoire et  lui a remis officiellement son chandail numéro 7. Dans un grand geste de générosité, Bourque choisissait alors de porter le numéro 77 pour le reste de sa carrière. On ne peut pas dire que cela a nui à sa carrière!

Esposito joué pour les Rangers pendant six ans. Il a mené son équipe en finale en 1979, mais les Rangers ont été balayés par le Canadien après avoir gagné le premier match à Montréal.

«Nous aurions dû rentrer à New York après la première partie, dit Esposito. Il y avait trop de tentations à Montréal. Nous aurions pu gagner cette année-là. Ken Dryden ne jouait pas bien, à un point tel que Bunny Larocque devait commencer le deuxième match, mais il a été atteint au visage par un tir de Doug Risebrough durant la période d’échauffement».

Une guerre

Si on se souvient peu du passage d’Esposito à New York, on n’oubliera jamais son leadership et ses «gros buts» durant la fameuse Série du siècle.

«Au début, on n’a pas pris cette série très au sérieux, avoue-t-il. Je ne me suis pas entraîné correctement et c’était la même chose pour la majorité de mes coéquipiers. La série a mal commencé, puis c’est devenu une véritable guerre. C’est à Stockholm (avant le début de la deuxième tranche de la série) que nous sommes devenus une équipe. Je me souviens que nous étions tous ensemble pour célébrer la paternité de Guy Lapointe. Nous étions enfin prêts à nous battre tous ensemble».

Une fois à la retraite, Esposito a été patron des Rangers, puis il a lancé la nouvelle concession de Tampa Bay. Il s’est rendu au Japon où il a réussi à trouver 55M$ pour financer l’équipe. Il dit que c’est peut-être sa plus grande réalisation dans le monde du hockey.

Depuis quelques années, Espo agit comme simple spectateur. Quand il regarde un match, c’est comme s’il était encore en uniforme. Il aurait envie de sauter sur la patinoire et d’aller marquer le but gagnant. Those days are gone!

«Le hockey, c’était toute ma vie. Ça passait même avant ma famille. Ce n’est peut-être pas correct de dire ça, mais j’étais comme ça», de conclure le grand Phil.