Joe Girardi ne l’a jamais eu facile

Avec son style effacé et ses commentaires prudents, Joe Girardi est peut-être le gérant le moins flamboyant des Yankees depuis l’époque de Ralph Houk. Il ne critique jamais ses joueurs publiquement et tente toujours de voir le côté positif des choses.

Les journalistes de New York ont parfois voulu lui faire la vie dure en le comparant à l’impétueux Billy Martin ou encore à Joe Torre, son prédécesseur. On l’accuse d’être drabe et de n’avoir gagné qu’une seule Série mondiale (2009) depuis qu’il dirige l’équipe la plus auréolée de toute l’histoire du baseball.

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Joe Girardi, un type effacé, fait de l’excellent travail depuis qu’il a succédé à Joe Torre comme gérant des Yankees de New York.

Pourtant, Girardi fait de l’excellent travail depuis qu’il a succédé à Torre et les chiffres sont là pour le prouver. En cinq saisons, il a accumulé 479 victoires contre seulement 331 défaites.

Dans le Big Apple, les succès en saison régulière ne veulent rien dire ou si peu. Le gérant est d’abord jugé en fonction du rendement de l’équipe durant les séries de championnat. La pression est constante et il faut savoir vivre avec. Père de trois enfants, Girardi est un type très religieux, sa femme aussi. Cela semble l’aider à garder les choses en perspective.

Cette saison, les Yankees possédaient une avance de 10 matchs en tête de leur section à la mi-juillet, mais la superbe remontée des Orioles de Baltimore les a forcés à batailler jusqu’à la fin du calendrier pour finir en tête. Ils doivent maintenant composer avec ces mêmes Orioles en première ronde des séries.

Une balle de Bob Bailey

Girardi à grandi à East Peoria, une petite ville de l’Illinois, et il a dû trimer dur pour atteindre les majeures. Il n’avait pas beaucoup de talent au bâton, mais il est devenu si bon receveur qu’il a tenu son bout dans les grandes ligues pendant 15 ans avec quatre équipes différentes. C’est même lui qui a enseigné le métier à Jorge Posada chez les Yankees. Il l’a si bien fait que ce dernier a fini par lui chiper son emploi!

Quelques années plus tard, Girardi était devenu gérant des Yankees et il a eu une décision difficile à prendre: clouer Posada sur le banc pour confier le poste de receveur au Québécois Russell Martin. Ainsi va la vie dans le monde du sport professionnel.

Il y a une autre journée que Girardi n’oubliera jamais. C’était en 1974 au stade Busch de Saint-Louis où les Expos de Gene Mauch étaient les visiteurs. Avant la fin de la septième manche, le voltigeur Bob Bailey s’est plié à la demande du gamin dans les estrades du champ gauche et il a lancé une balle en sa direction, mais il l’a échappée sur le terrain.

Bailey a alors eu la générosité de la récupérer pour la lui remettre en mains propres en lui disant: «Fiston, si tu veux avoir une balle, il faut que tu apprennes à la capter». Le jeune Girardi a si bien capté le message qu’il est devenu receveur numéro un dans les majeures.

Congédié par Loria

Vous l’avez sans doute oublié, mais Girardi a fait ses débuts comme gérant chez les Marlins de Miami. Son excellent travail lui a valu le titre de gérant de l’année dans la Ligue nationale, mais il ne faisait pas bon ménage avec le propriétaire Jeffrey Loria. Ce dernier lui a donc montré la porte même s’il n’avait rien à lui reprocher. Dix-huit mois plus tard, Girardi était récupéré par les Yankees.

Il faut savoir que Loria est le même type qui a endormi les partisans des Expos avec de fausses promesses avant de foutre le camp en Floride avec la bénédiction du commissaire Bud Selig.

Avec l’aide du «New Yorker», voilà pour la petite histoire de Joe Girardi. Tant mieux si elle vous aide à mieux comprendre ce personnage effacé qui dirige l’équipe la plus célèbre des Etats-Unis d’Amérique.