Un après-midi au golf avec le Roadrunner

La semaine dernière, j’étais l’invité d’Yvan Cournoyer au club de golf Fontainebleau.
C’est plutôt rare que tu reçois ce genre invitation de la part d’un ancien capitaine des Glorieux et je n’allais certainement pas dire non, quitte à subir la défaite!
En plus d’agir comme ambassadeur du Bleu Blanc Rouge, le Roadrunner remplit la même fonction pour ClubLink et pour la firme Genacol. Il est en bonne forme physique et il peut jouer au golf à son goût maintenant que les médecins ont réglé son mal de dos.

Yvan Cournoyer: fier ambassadeur du Canadien et de la compagnie ClubLink.

Yvan Cournoyer: fier ambassadeur du Canadien et de la compagnie ClubLink.

Il fut un temps où l’ancien numéro 12 avait de la misère à se tenir debout tellement son dos le faisait souffrir. À un point tel qu’il a dû louer un lit d’hôpital pour faire ses nuits. Heureusement, la quatrième opération était la bonne et on semble avoir trouvé la solution une fois pour toutes.
À titre d’ambassadeur du Canadien, Cournoyer fait une vingtaine de sorties par année. Il n’a peut-être pas la notoriété de Maurice Richard, Jean Béliveau ou Guy Lafleur, mais les gens n’ont pas oublié son style spectaculaire, ses tirs puissants et précis, ses 10 coupes Stanley et son rôle de premier plan dans la victoire du Canada lors de la fameuse Série du siècle.

Quarante ans plus tard, on se rappelle qu’il a préparé le but gagnant de Paul Henderson à Moscou. «J’étais fatigué, mais j’ai choisi de rester sur la patinoire, dit-il. C’est ainsi que j’ai intercepté la rondelle et que j’ai pu la garder en zone adverse. Si je rentre au banc, on perd le match et la série. En cas d’égalité, les Russes avaient décidé qu’ils seraient champions sous prétexte qu’ils avaient marqué plus de buts que nous dans la série. Partout où je vais, on me parle encore de cet affrontement extraordinaire entre deux pays et deux systèmes de vie».
Mis à part cette série très émotive contre les Soviétiques, Yvan a vécu ses plus beaux moments à l’époque où il gagnait la coupe Stanley deux printemps sur trois.

DIX COUPES EN 15 ANS

En 1973, à peine quelques mois après le triomphe à Moscou, le Roadrunner a marqué 15 buts et en a préparé 10 autres pour mériter le trophée Conn Smythe en tant que joueur par excellence des séries. Un peu plus tard, il était nommé capitaine des Glorieux et menait son équipe à quatre autres conquêtes avant de rentrer à la maison parce que son dos le faisait trop souffrir. Il n’avait que 36 ans.
Il a longtemps été propriétaire d’une brasserie à Lachine et il a lancé une chaîne de restaurants (Burger 12). Il s’est vite aperçu que ce métier n’était pas de tout repos. Il a travaillé pendant quelques mois comme adjoint de Mario Tremblay après le départ fracassant de Patrick Roy, mais l’expérience n’a pas été aussi emballante qu’il l’aurait souhaité. On l’a critiqué injustement et ça lui a fait mal au coeur.
À 69 ans, bientôt 70, Yvan profite d’une retraite bien méritée avec sa belle Évelyne. Ils se sont installés à deux coups de wedge du Fontainebleau. Elle s’occupe des livres et du jardinage pendant qu’il joue au golf ou fait des relations publiques. «Il s’amuse et moi, je travaille!», dit-elle à la blague.
Cournoyer est particulièrement fier de son fils Kurtis, âgé de 28 ans. Après avoir fait ses études à Barrie, il est vite devenu un des meilleurs vendeurs chez Lauzon Porsche à Laval.
Le mois dernier, Yvan a reçu la visite de Phil Dalgleish, son ex-entraîneur chez les Maroons de Lachine. Ça lui a rappelé de bons souvenirs du début des années 1960, juste avant qu’il forme un duo du tonnerre avec André Boudrias au sein du Canadien Junior. Bien sûr, le vieux Phil (94 ans) est reparti avec un chandail autographié par le capitaine.
Comme tous les anciens joueurs du Canadien, Cournoyer aimerait voir son équipe mettre fin à une disette qui dure depuis 20 ans, mais il a bien peur que ce ne sera pas tout de suite. «L’équipe est encore trop petite à l’avant», dit-il en faisant allusion aux Desharnais, Gionta, Plekanec et Brière.
Yvan Cournoyer n’était pas le plus grand, mais il avait les cuisses comme des poteaux de téléphone, des épaules très solides, et rien ni personne ne l’empêchait de foncer au filet. En tout et partout, il a marqué 492 buts dans l’uniforme du Canadien, dont 64 dans les séries de la coupe Stanley.