Spieth va rebondir

NEWBURGH, New York— Comme l’a si bien dit un journaliste d’Augusta, Jordan Spieth aurait été aussi à l’aise sur une chaise électrique pendant la cérémonie de clôture du 80e tournoi des Maîtres. Il avait hâte que ça finisse!

En expédiant deux balles à l’eau à Amen Corner pour offrir la victoire à Danny Willett sur un plateau d’argent, le jeune Texan a vécu une expérience traumatisante qui, on l’espère, ne l’arrêtera pas dans sa marche vers la gloire.

Jordan Spieth a trop de talent et de détermination pour ne pas rebondir.

Jordan Spieth a trop de talent et de détermination pour ne pas rebondir.

Le nom de Spieth est présentement associé à ceux de Greg Norman et de Jean Vande Velde. Sa catastrophe au Golden Bell occupera une place de choix dans le grand livre des tragédies sportives. Il ne peut plus rien y changer.

Personne n’aurait pu imaginer un tel scénario après l’avoir vu réussir quatre birdies d’affilée à la fin du premier neuf. Il était alors en plein contrôle. C’est ce qui fait la beauté du club Augusta National. Tout est possible sur le deuxième neuf, le dimanche après-midi.

Une heure ou deux auparavant, Spieth se voyait entrer dans la légende avec Nicklaus, Faldo et Tiger. Il a suffi de deux mauvais élans pour tout gâcher.

Spieth peut se consoler en pensant que Tom Watson a gagné cinq autres tournois majeurs après avoir perdu une avance de cinq coups dans le championnat de la PGA, en 1978. Arnold Palmer en est un autre qui est revenu plus fort après avoir échappé la victoire à Augusta en 1959 et en 1961.

Au risque de me répéter, les dieux du golf ont des raisons que la raison ne connaît pas. Et c’est particulièrement vrai à Augusta.

Jordan Spieth n’est pas seulement un excellent joueur de golf. Il est très intelligent et il possède une détermination à tout épreuve. Il est dans la lignée des grands champions du Texas avec Byron Nelson, Jimmy Demaret, Ben Hogan, Lee Trevino, Ben Crenshaw et quelques autres.

Il lui faudra quelques semaines pour avaler cette couleuvre, mais il s’en remettra. Il n’a rien d’un feu de paille et il continuera de nous en mettre plein la vue.

En bref

  • GEOFF MOLSON fait confiance à ses hommes de hockey et parle de STABILITÉ. C’est son droit. En tout cas, ça va prendre des changements dans ce club-là. Se fier uniquement à CAREY PRICE est tout à fait ridicule.

    Marc Bergevin est «bon patineur» devant les journalistes.

    Marc Bergevin est «bon patineur» devant les journalistes.

  • Il y avait deux journalistes au pied carré lors de la conférence de presse, mais on n’a pas appris grand-chose de nouveau. Selon moi, la grosse question est la suivante: THERRIEN, MAX et P.K. peuvent-ils travailler ensemble et avoir du succès?
  • JEAN-LUC BRASSARD a sans doute des raisons valables pour quitter son poste de chef de mission de l’équipe canadienne olympique.
  • RORY McILROY a fini le Masters à six coups de la tête en dépit d’un 77 en troisième parcours. Pour une raison ou une autre, il semble incapable de se faire justice à Augusta. «L’an prochain, je serai moins conservateur, plus agressif», promet-il.
  • Les séries de championnat de la Ligue nationale de hockey se poursuivront jusqu’au mois de JUIN sans une seule équipe canadienne. Je vous en parlerai dans une prochaine chronique.

Le mot d’humour

David Feherty: «La dernière fois qu’on a vu un enfant aussi gentil que Jordan Spieth, il y avait près de lui un âne et trois rois mages!»

 

Spieth s’écroule et Danny Willett se sauve avec la victoire

Fin de tournoi dramatique à Augusta

AUGUSTA, Géorgie— Danny Willett est le nouveau champion du tournoi des Maîtres… gracieuseté de Jordan Spieth.

Le Texan de 22 ans se dirigeait tout droit vers son deuxième sacre de suite à Augusta lorsque le ciel lui est tombé sur la tête, dimanche après-midi. Pour ses millions de partisans, c’était triste à mourir. Pour lui aussi, bien sûr.

Fort d’une avance de cinq coups avec neuf trous à jouer, le champion en titre a commis deux bogeys d’affilée avant de se présenter au fameux petit par 3 qui porte le nom de Golden Bell. Il a alors expédié deux balles à l’eau et commis un quadruple-bogey (7) devant une foule incrédule. En l’espace de quelques minutes, il est passé de super héros à «choker» de la pire espèce.

Les dieux du golf ont des raisons que la raison ne connaît pas. Spieth n’a pas baissé les bras et il a tenté de se racheter par la suite. Il a réussi un birdie au 13e, puis un autre au 15e, mais il a ensuite raté son coup au 16e sur une courte distance et il a perdu tout espoir de l’emporter quand il a expédié sa balle dans la fosse de sable au 17e.

Pendant ce temps, l’Anglais Danny Willett continuait d’accumuler les birdies en route vers un triomphe que personne ne pouvait imaginer une heure ou deux plus tôt.

Âgé de 28 ans, Willett était très peu connu avant de réaliser le plus grand exploit de sa carrière. Il est né en Angleterre et il joué pour l’Université de Jacksonville pendant deux ans avant de remporter quatre victoires sur le circuit européen entre 2012 et 2016.

Il est seulement le deuxième Anglais à gagner le Masters. Avant lui, il y a eu Nick Faldo, trois fois champion entre 1989 et 1996.

Lee Westwood et Dustin Johnson ont eu leurs chances en fin de partie, mais ils ont tous les deux manqué d’essence. C’est la huitième fois que Westwood termine parmi les trois premiers dans un tournoi majeur. Avec un meilleur fer droit, il aurait sans doute paradé deux ou trois fois dans le cercle des vainqueurs.

Pour ce qui est de Rory McIlroy et de Jason Day, ils n’ont jamais réussi à se mettre en marche. Dans les deux cas, c’est un week-end à oublier.

Trois trous d’un coup au 16e

  • DAVIS LOVE, Shane Lowry et Louis Oosthuizen ont soulevé la foule en réussissant des trous d’un coup au 16e trou. Oosthuizen a réussi le sien d’une drôle de façon. Sa balle a frappé celle de J.B. Holmes avant de pénétrer dans la coupe.
  • Avant la ronde finale, NICK FALDO a déclaré: «On devrait faire venir MICHAEL BUFFER pour leur dire «Let’s get ready to rumble!» Le classement est serré et on devrait assister à tout un combat». Finalement, il y avait un seul boxeur dans l’arène!
  • Je ne me souviens pas d’un tournoi des Maîtres où il a fait AUSSI FROID. Le matin, le mercure était souvent dans les 40 degrés Farenheit. Pas chaud en culottes courtes! En après-midi, c’était un peu mieux, mais le VENT a causé des ennuis aux golfeurs durant toute la semaine.
  • SERGIO GARCIA a eu une pensée pour son idole SEVERIANO BALLESTEROS, samedi. C’était son jour de fête. S’il était encore parmi nous, Seve aurait 59 ans. Il est décédé en 2011.
  • GRAEME McDOWELL: «Le Masters est le seul tournoi que je regarde à la télévision une fois que j’ai raté la coupure».
  • Le jeune SMYLIE KAUFMAN habite encore chez ses parents en Alabama et il roule dans une Nissan 2008.
  • On entend maintenant des gens crier «Get in the hole!» à Augusta. Sans doute parce que la foule est plus jeune que par le passé.
  • JORDAN SPIETH avant la finale: «J’aurais une solide avance en tête si je n’avais pas si mal joué sur les trois derniers trous (5 over par) vendredi et samedi».
  • BERNHARD LANGER: «Le golf est un sport différent. Tu peux prolonger ta carrière si tu gardes la FORME et si tu y mets les efforts». Langer s’est sorti de la course avec un affreux double-bogey au troisième trou, une normale quatre de 350 verges avec un très petit vert. Il a raté son coup d’approche, puis il a eu besoin de trois coups roulés. Fin des émissions!
  • Mon ami Labbé a croisé PASCAL GRIZOT, président du comité organisateur du tournoi de la COUPE RYDER qui sera présenté en banlieue de PARIS en 2018. Nos cousins Français vont y mettre toute la gomme pour en faire un succès retentissant.
  • Les RED WINGS dans les séries, mais pas les BRUINS. En tout cas, ce n’est pas la faute de CLAUDE JULIEN.
  • Si quelqu’un voit JACQUES DEMERS, dites-lui que je prie pour lui.
  • Victime du cancer, BRYAN MURRAY prend une sage décision en quittant la direction générale des Sénateurs. PIERRE DORION peut-il le remplacer adéquatement?
  • Je reprends la route lundi matin. À bientôt.

Le mot d’humour

Un gars s’est fait prendre en défaut en arrivant aux douanes canadiennes. Il a raconté à l’officier qu’il s’en venait voir les séries de la coupe Stanley!

L’extase de la victoire et l’agonie de la défaite

20e anniversaire de la cuisante défaite de Greg Norman

AUGUSTA, Géorgie— Depuis 1934, le club Augusta National a été le théâtre des plus grands triomphes comme des défaites les plus amères.

Durant les derniers jours, on n’a pas manqué de souligner le 30e anniversaire de la victoire inattendue de Jack Nicklaus en 1986, mais on n’a presque pas fait allusion à la terrible défaite de Greg Norman aux mains de Nick Faldo, il y a 20 ans.

Ce jour-là, le Requin Blanc détenait une avance de six coups sur Faldo avant la ronde finale, mais il a commencé à connaître toutes sortes d’ennuis et son avance a fondu comme neige au soleil. Sur le deuxième neuf, étouffé par la pression, Norman a multiplié les gaffes pour jouer 78 et offrir la victoire à son rival sur un plateau d’argent.

Rarement a-t-on vu un grand champion s’écraser de la sorte. Il faut quand même accorder à Faldo tout le mérite qui lui appartient. Il a joué 67 en finale pour enlever son troisième et dernier veston vert.

Dans une récente entrevue, Norman a déclaré qu’il ne se sentait pas bien avant le dernier parcours. Quelque chose qui clochait dans son élan. Il en a parlé à son entraîneur Butch Harmon qui a tenté de le rassurer, mais sans succès.

Cette défaite suivra Norman jusque dans sa tombe, mais elle a aussi contribué à le rendre «plus humain» dans les yeux des amateurs de golf. Ce jour-là, on a compris que le malheur peut frapper tout le monde sur un terrain golf, même un joueur qui a été «numéro un mondial» pendant plus de 300 semaines consécutives.

Autres malheurs

Greg Norman n’est pas le seul à avoir connu l’agonie de la défaite à Augusta. Voici d’autres exemples:

  • En 1956, KEN VENTURI, encore dans les rangs amateurs, n’a pu faire mieux que 80 en ronde finale et il a été battu de justesse par JACK BURKE Jr.
  • En 2011, le jeune RORY McILROY se dirigeait tout droit vers la victoire, mais il a joué 80 le dimanche après-midi et il a fini au 15e rang. Le Sud-Africain CHARL SCHWARTZEL est venu de nulle part pour l’emporter.
  • En 1954, le golfeur amateur BILLY JOE PATTON, un peu trop sûr de lui, a commis un double-bogey au 13e et un bogey au 15e (deux normales 5 relativement faciles) et il a dû se contenter de la troisième place. Le lendemain, SAM SNEAD a battu Ben Hogan (70-71) dans le match éliminatoire.
  • En 1989, SCOTT HOCH a raté un petit roulé au 17e trou, puis il a perdu contre NICK FALDO en prolongation après avoir raté un autre roulé d’une couple de pieds.
  • En 1985, CURTIS STRANGE a failli gagner le tournoi après une ronde initiale de 80, mais il n’a pas été capable de maintenir une avance de trois coups avec six trous à jouer et il a dû s’incliner devant BERNHARD LANGER.
  • En 1961, trop certain de gagner, ARNOLD PALMER a commis un double-bogey au dernier trou et s’est fait battre par son ami GARY PLAYER.
  • En 1968, ROBERTO DeVICENZO a signé une carte erronée et il a dû concéder la victoire à BOB GOALBY.
  • En 1986, le grand SEVE BALLESTEROS a raté son coup de fer 4 et il a envoyé sa balle à l’eau au 15e trou. Il a ensuite commis un bogey pour ouvrir la porte à Nicklaus.
  • En 1979, ED SNEED avait trois coups d’avance avec trois trous à jouer, mais il a commis deux ou trois gaffes avant de se faire battre par FUZZY ZOELLER en prolongation.

Faits d’armes

En revanche, il y a plein de joueurs qui sont venus de l’arrière pour connaître l’extase de la victoire:

  • En 1937, BYRON NELSON a réussi un birdie et un aigle à Amen Corner pour arracher six coups à son rival RALPH GULDAHL et enlever son premier veston vert.
  • En 1978, GARY PLAYER a réussi des oiselets sur sept des 10 derniers trous pour jouer 64 et gagner le tournoi par un coup.
  • En 2005, TIGER WOODS a réussi un miracle au 16e trou avant de vaincre CHRIS DiMARCO en prolongation.
  • En 2010, PHIL MICKELSON a joué le tout pour le tout dans les aiguilles de pin et il a logé sa balle près du trou au 13e avant de se sauver avec la victoire. Le plus beau coup de fer 6 de toute sa vie.
  • En 1975, JACK NICKLAUS a calé un roulé d’une quarantaine de pieds au 16e pour «couper les jambes» de Johnny Miller et de Tom Weiskopf.
  • En 1960, ARNOLD PALMER a fini birdie-birdie pour battre Ken Venturi par un coup.
  • En 1987, LARRY MIZE a calé un coup d’approche de 140 pieds pour vaincre Greg Norman au deuxième trou supplémentaire.
  • Il y a d’autres exemples, mais je m’arrête ici.

P.S. Absence de photos. Problème technique. Mes excuses.

Bizarre de tournoi des Maîtres!

Spieth amorcera la ronde finale avec une faible avance d’un coup sur Smylie Kaufman

AUGUSTA, Géorgie— Il est 17h.30 et le soleil se couche doucement sur Augusta National.

Assis dans la dernière rangée à Amen Corner, j’aperçois au loin le petit pont qui porte le nom de Ben Hogan. Plus près, je peux admirer l’allée du 13e trou, le jardin de fleurs, les grands pins de la Géorgie et le vert diabolique où j’ai déjà calé un roulé de 50 pieds bon pour… un double-bogey.

Le décor est fantastique, mais il y a quelque chose qui fait défaut. On dirait que la magie n’est pas la même sans Tiger Woods et Fred Couples. Sans compter que Phil Mickelson a plié bagages après 36 trous et que Bubba Watson n’a jamais été «dans la parade».

J’aimerais vous parler du duel tant attendu entre Jordan Spieth et Rory McIlroy, mais il n’a jamais eu lieu. Ce dernier a connu une journée misérable. Non seulement a-t-il joué 77, mais il n’a pas réussi un seul petit birdie. C’était la première fois en 80 rondes dans un tournoi majeur. Sur le vert du 18e, il était si frustré qu’il aurait aimé  lancer son fer droit dans la foule.

Quant à Spieth, il a vécu toute la gamme des émotions sur le deuxième neuf. Il a d’abord commis un double-bogey au 11e, puis il s’est ressaisi avec trois oiselets, mais il n’était pas au bout de ses peines. Un bogey au 17e et un double au 18e l’ont forcé à se contenter d’une carte de 73. Il entreprendra donc la ronde finale avec une avance d’un seul coup sur Smylie Kaufman, un golfeur de l’Alabama qui participe au Masters pour la première fois.

«Je viens d’ouvrir la porte à tout le monde, a admis Spieth en conférence de presse. J’aurais pu avoir la vie facile comme l’an passé en ronde finale. Au lieu de cela, je devrai tenter d’oublier ces deux mauvais trous et me remettre au boulot. Ça va me prendre un bien meilleur résultat dimanche si je veux gagner et je ne pourrai pas me fier uniquement à mon fer droit. Je devrai mieux frapper la balle. Dans les circonstances, n’importe qui peut «tomber sur la tête» et se sauver avec la victoire».

Spieth tente de devenir le premier golfeur depuis Tiger Woods (2002) à gagner deux fois de suite à Augusta. Il ne l’aura pas facile.

D’autres joueurs sont dans la course grâce aux déboires de Spieth en fin de journée. Parmi eux, il y a Bernhard Langer (58 ans), Hideki Matsuyama, Jason Day, Dustin Johnson, Danny Willett, Brendt Snedeker et Lee Westwood.

«Langer m’impressionne, a dit Spieth. C’est vrai qu’il gagne très souvent sur le circuit des Champions. Les conditions difficiles sont à son avantage à cause de sa vaste expérience à Augusta. Il sera certainement à surveiller».

Jack Nicklaus est le plus vieux joueur à avoir gagné le tournoi des Maîtres. Il avait 46 ans quand il a réussi l’exploit en 1986.

Qui a-t-il d’autre à retenir?

  • Le jeune BRYSON DeCHAMBEAU, champion amateur des États-Unis, a perdu pied en fin de partie et il a joué 77.
  • Le numéro un mondial JASON DAY a joué un peu mieux (71) et il n’est plus qu’à trois coups de la tête. Il sera à surveiller dimanche.
  • IAN POULTER a joué 82, Henrik Stenson 78, Martin Kayner et Shane Lowry 79, Hunter Mahan 78. Ça en fait des coups!
  • À plus.