Raymond Bourque, cinq fois gagnant du trophée Norris et meilleur défenseur de sa génération, n’est pas du genre à parler à travers son chapeau et encore moins à se mêler de ce qui ne le regarde pas.
Cette semaine, il a bien voulu donner son point de vue au confrère Jonathan Bernier en ce qui concerne le lock-out qui paralyse la LNH depuis bientôt 50 jours.
«C’est maintenant aux propriétaires de bouger, a-t-il déclaré. Les joueurs ont fait leur part. Ils ont démontré qu’ils étaient prêts à se rapprocher pour trouver un compromis».
Raymond Bourque a raison. Les joueurs ont fait leur part. C’est maintenant aux propriétaires de bouger, mais auront-ils le courage de le faire?
Le gros Raymond a parfaitement raison. Les joueurs ont fait leur part en acceptant le principe du 50-50 dans le partage des revenus. Par contre, ils n’ont pas à céder davantage en ce qui concerne les contrats signés avant la fin de la dernière convention collective. Il faut aussi rappeler qu’ils ont perdu sur toute la ligne en 2005. Ils ont alors encaissé une perte de 24 pour cent sur leurs chèques de pays. Ils ont aussi dit oui au plafond salarial afin d’aider les propriétaires à mettre de l’ordre dans leurs finances, ce qu’ils n’ont visiblement pas réussi à faire.
Certains commentateurs qui croient avoir inventé les boutons à quatre trous se sont permis de critiquer Raymond Bourque. Ils se disent surpris de le voir se mêler du débat après avoir accepté durant toute sa carrière de toucher moins d’argent afin de poursuivre sa carrière à Boston.
Je leur répondrai que Bourque était un joueur loyal à son organisation et qu’il était pleinement satisfait des contrats offerts par Harry Sinden, sinon il ne les aurait pas signés. Ne vous inquiétez pas pour lui. Son compte de banque se porte beaucoup mieux que le vôtre!
Bettman partira-t-il?
Toujours est-il que ce lock-out est loin d’être terminé. On parle même d’annuler la Classique hivernale du 1er janvier, un événement qui devait attirer plus de 100 000 personnes au Michigan et donner beaucoup de visibilité à la Ligue nationale.
On a de plus en plus l’impression (pour ne pas dire la certitude) que Gary Bettman livre le «combat de sa vie» et qu’il n’a qu’une seule idée en tête: écraser et humilier le syndicat des joueurs. Il est aussi engagé dans une guerre ridicule avec son vis-à-vis Donald Fehr. Ces deux hommes ne s’entendront jamais sans l’intervention d’un médiateur quelconque.
Gary Bettman est tellement détesté, tellement dictateur, qu’on en vient à s’ennuyer de Clarence Campbell!
Avec l’appui indéfectible de sept ou huit propriétaires, Bettman a entre les mains des «pouvoirs nettement exagérés». De toute ma vie, je ne me souviens pas d’avoir vu un homme aussi détesté. Tellement qu’on en vient à s’ennuyer de Clarence Campbell!
Pour ceux qui ne le sauraient pas, Campbell a été président de la ligue de 1946 à 1977 et c’est sa décision de suspendre le Rocket, en 1955, qui a entraîné l’émeute Maurice Richard.
Le jour où ce conflit sera enfin réglé – le plus tôt serait le mieux-, Bettman rendrait un grand service au hockey s’il décidait de rentrer à la maison avec une généreuse prime de départ. Il a déjà fait assez mal à notre sport national.