LAVAL— Jean Béliveau, plus grand capitaine de l’histoire du Canadien et ambassadeur par excellence, nous a quittés mardi soir à la suite d’une longue maladie. Il avait 83 ans.
Je suis assis devant mon ordi et je cherche les mots. Je savais depuis quelques mois que sa mort était inévitable, mais ça donne quand même un choc.
M. Béliveau était le héros de mon enfance, un athlète plus grand que nature, et la vie a été assez bonne pour que je devienne un de ses nombreux amis.
Le Gros Bill, ancien joueur étoile des As de Québec, appartient à l’histoire des Glorieux au même titre que Maurice Richard, Howie Morenz ou Guy Lafleur. À part Mario Lemieux, personne n’a sillonné les patinoires de la Ligue nationale avec une telle élégance et un tel talent.
Depuis quelques mois, je traînais dans mon auto un chandail à faire autographier. Les semaines ont passé, puis j’ai su qu’il était quasiment à l’article de la mort. Réjean Houle, président des Anciens Canadiens, lui rendait visite le plus souvent possible à son condo de Longueuil, parfois avec Guy Lafleur, Yvan Cournoyer ou Geoff Molson. Les conversations étaient courtes parce que le Grand Jean était à bout de forces.
La dernière fois que je lui ai parlé, il était hospitalisé dans une maison de réadaptation de la rue Sherbrooke. J’ai attendu qu’il se réveille, puis nous avons jasé durant une bonne demi-heure. Je savais dès lors qu’il en avait assez de se battre contre la maladie et qu’il était prêt à partir. Lorsque le corps refuse de suivre…
Il suffit de consulter le livre des records pour savoir que le Grand Jean a connu une carrière exceptionnelle sur la patinoire. Par-dessus tout, il était très fier d’avoir été capitaine des Glorieux pendant 10 ans et d’avoir mené son équipe à 10 conquêtes de la coupe Stanley en 18 ans.
Il était l’homme de confiance de Toe Blake, le pont entre les joueurs et la direction du club. Si un joueur connaissait une mauvaise période ou avait un problème personnel, c’est Béliveau qu’il allait voir.
Cela dit, Jean Béliveau était bien plus qu’un grand joueur de hockey. Il était un homme d’une grande simplicité et d’une immense générosité. Il n’est pas exagéré de dire qu’il a visité presque toutes les villes et villages du Canada. Il avait un immense respect pour son public et il se faisait un devoir de répondre personnellement à toutes les lettres qui lui étaient adressées. C’était toute une corvée, mais il le faisait avec plaisir.
J’ajouterai qu’il avait une prestance, une façon d’être qui plaisait à tout le monde. Je n’ai jamais vu personne parler en mal de Jean Béliveau. C’était impossible.
Je reviendrai évidemment sur le sujet. Pour l’instant, je veux juste offrir mes condoléances à son épouse Élise, à sa fille Hélène, à ses deux petites-filles (Mylène et Magalie) et à tous les partisans du CH.
Nous venons de perdre un très grand joueur, mais surtout TRÈS GRAND HOMME.