Mon capitaine!

OTTAWA— Exactement comme je m’y attendais, les légendes du hockey, les politiciens, les journalistes et les gens du peuple ont uni leurs voix pour rendre un dernier hommage au plus grand capitaine de l’histoire des Glorieux. Le contraire aurait été inadmissible.

Par sa classe, son entregent et sa générosité, Jean Béliveau était un modèle à suivre et une source d’inspiration pour tous les Canadiens. Un grand homme.

Yvan Cournoyer a livré le plus vibrant témoignage, mais ça ne veut pas dire que Serge Savard, Yvan Cournoyer, Guy Lafleur, Ken Dryden et les autres membres des Anciens Canadiens étaient moins émus que lui. Ils éprouvaient tous un immense respect pour l’ancien numéro 4.

Yvan Cournoyer a livré le plus vibrant témoignage lors des funérailles de son ancien capitaine.

Yvan Cournoyer a livré le plus vibrant témoignage lors des funérailles de son ancien capitaine.

J’ai beaucoup aimé le commentaire de Guy Lapointe quand il a dit: «C’est comme si nous venions tous de perdre notre père». Il arrive parfois à Pointu d’être sérieux!

Claude Ruel, qui a donné sa vie au CH, en est un autre qui a frappé dans le mille en confiant à Marc DeFoy: «Le Grand Jean était un homme de coeur et il savait drôlement quoi faire avec une rondelle!»

Aucune autre organisation ne fait mieux les choses dans ce genre de situation. C’est de la classe «mur à mur». Chapeau à la famille Molson, à Réjean Houle, président des Anciens Canadiens, ainsi qu’à tous ceux et celles qui ont mis la main à la pâte. Et surtout, MERCI À LA FAMILLE du Grand Jean pour nous l’avoir «prêté» aussi souvent et aussi longtemps…

Retour de Cuba

  • Si j’ai bien compris, MAX PACIORETTY gagne du galon comme prochain capitaine du Canadien.
  • SYLVAIN BEAULNE, de Saint-Eustache, a acheté le club de golf LE CHAMPÊTRE dans les Basses Laurentides. Il fera équipe avec son fils JEAN-SÉBASTIEN.
  • À Ottawa, les partisans des Sénateurs se demandent si PAUL MacLEAN était vraiment le problème. Tu ne fais pas de la salade de poulet avec de la merde de poulet! Il faudrait peut-être regarder du côté du propriétaire et du directeur général. Après avoir attendu son tour pendant plus de 20 ans, DAVE CAMERON obtient enfin la chance de diriger une équipe de la Ligue nationale. On verra s’il peut faire mieux que son prédécesseur. J’en doute.

    Mike Babcock finira par faire sauter la banque... à Détroit ou ailleurs.

    Mike Babcock finira par faire sauter la banque, que ce soit à Détroit ou ailleurs.

  • YEONIS CESPEDES n’aura pas fait long feu à Boston. Le voici qui prend la route de Détroit en retour du lanceur RICK PORCELLO.
  • Le dossier MIKE BABCOCK continue de faire jaser dans la ville de l’automobile. «Je suis un grinder professionnel et j’aime remporter la victoire», se contente de dire l’ancien joueur des Redmen de McGill. Babcock n’a pas à s’inquiéter. Il est le MEILLEUR de sa profession et il finira par obtenir le salaire qu’il mérite, que ce soit à Détroit ou ailleurs.
  • Le CANADIEN marque 2,43 buts par match depuis le début du calendrier. C’est nettement insuffisant. Si le jeune ALEX GALCHENYUK parvient à s’affirmer comme joueur de centre, ça changera le portrait. Il est encore jeune et il faut faire preuve de patience à son endroit. J’ai comme l’impression que Markov et Gonchar peuvent lui refiler de précieux conseils.
  • Si Galchenyuk passe le test, on fait quoi avec DAVID DESHARNAIS? Un ailier droit? Un spécialiste? Il faudrait aussi que le JEUX DE PUISSANCE fonctionne beaucoup mieux. Il arrive quoi à notre ami P.K.?

    Alex Galchenyuk est le plus grand espoir du Canadien au centre. Soyons patients avec lui. Acceptons ses erreurs et son manque d'expérience.

    Alex Galchenyuk est le plus grand espoir du Canadien au centre. Soyons patients avec lui. Acceptons ses erreurs et son manque d’expérience. Rome ne s’est pas bâtie en un jour.

  • Le PHOENIX de Sherbrooke a fait l’acquisition de CAMERON DARCY dans le but d’améliorer son attaque. Il a 20 ans et il est originaire de Boston.
  • JON LESTER est mort de rire. Après un court séjour à Oakland, il vient de signer un contrat de 155M$ avec les CUBS DE CHICAGO. Il sera le lanceur le mieux payé du baseball après CLAYTON KERSHAW, des Dodgers. Lester connaît bien THEO EPSTEIN, directeur général des Cubs, pour avoir joué sous ses ordres à Boston. Sancho, va chercher le fusil!
  • DANIEL FRÉCHETTE est le nouveau patron des Tigres de VICTORIAVILLE.
  • J’ai 485 messages en banque. Je tenterai de faire le ménage là-dedans durant les prochains jours. Patience, svp.

Le mot d’humour

Si tu veux parler à Dieu, arrête-toi dans un endroit tranquille et parle-lui. Si tu veux le voir tout de suite, envoie-lui un texto en conduisant ton auto!

 

 

Béliveau: sujet inépuisable

VARADERO, Cuba— Mon ami Dave Stubbs a poussé un peu fort en écrivant que le coeur de Montréal avait cessé de battre suite à la mort de Jean Béliveau.
Bien sûr, il a utilisé une figure de style pour rendre hommage à un homme pas comme les autres qui a marqué sa vie de journaliste sportif.
Aucun autre athlète n’a eu une carrière comparable à celle de l’ancien numéro 4.
Après avoir exploité au maximum le don exceptionnel que le Seigneur lui avait donné pour jouer au hockey, Béliveau s’est intéressé à plein d’autres choses et il a beaucoup lu afin de parfaire ses connaissances. Jusqu’à ce qu’il tombe sérieusement malade, il faisait encore beaucoup de lecture à son condo de Longueuil. En ce sens, il était ce qu’on appelle un «self-made man».
Quand on lui a demandé avec quel homme célèbre il aurait aimé avoir une conversation en privé, il a répondu simplement: «Nelson Mandela. J’admire ce qu’il a fait pour son pays. Il nous a montré ce qu’un homme peut faire quand il s’en donne la peine».

Victoriaville

Jean Béliveau est allé à l’école de son père Arthur, un homme qui n’avait pas beaucoup d’instruction, mais qui possédait un excellent jugement. Il a vite compris que la gloire est éphémère et qu’il ne suffit pas d’être un héros sportif pour réussir sa vie.
Un bon exemple: son implication dans la fondation qui portait son nom et qui venait en aide aux enfants handicapés dans la région de Joliette.
Quand on a voulu le fêter au Forum après l’annonce de sa retraite en 1971, il a insisté pour que l’argent amassé ce soir-là soit remis entièrement à la nouvelle fondation.
Un autre bon exemple: son implication dans le tournoi de golf Béliveau-Perreault à Victoriaville. Il était fier d’être associé à un tournoi aussi prestigieux et il était toujours disponible pour aider les Pierre Roux, Guy Aubert, Raymond Tardif, Maurice Desrosiers, Jacques Roux et cie.
Béliveau a grandi à Victoriaville et il a appris à jouer au hockey sur la patinoire des Frères du Sacré-Coeur. Contrairement à d’autres, il n’a jamais renié ses origines.
En passant, Béliveau était assez bon joueur de baseball pour faire carrière chez les professionnnels, mais il a fait le bon choix en partant pour la Vieille capitale à l’âge de 17 ans.

Les As de Québec

Dans les nombreuses conversations que j’ai eues avec M. Béliveau, j’ai toujours senti son attachement profond envers la ville de Québec. De par son talent pour attirer les foules, c’est lui qui a provoqué la construction du Colisée de Québec à la fin des années 1940.
En plus de faire trembler les gardiens de but et de remplir le filet adverse, il s’est fait des amis pour la vie. Il était si bien traité par l’organisation des As qu’il a attendu d’avoir 22 ans avant de faire le saut dans la Ligue nationale. Ce qui ne l’a pas empêché de marquer plus de 500 buts et d’en fabriquer des centaines d’autres dans la «grande ligue».
À Montréal, Béliveau est devenu instantanément une vedette et il a prouvé qu’il était prêt à chausser les souliers du grand Maurice Richard. Il a eu également la sagesse de négocier une entente avec la Brasserie Molson pour la saison morte. Son association avec Molson lui a éventuellement permis de devenir vice-président du Canadien. C’est ce qu’on appelle avoir de la vision.
Il n’y avait pas d’animosité entre Béliveau et le Rocket, mais ce dernier a été grandement exploité par l’organisation du Canadien et il l’a eu longtemps sur le coeur. Un jour, les deux hommes sont allés à la pêche ensemble et ils ont réglé ce différent. J’aurais aimé être dans la chaloupe!

Dernière rencontre

La dernière fois où j’ai jasé avec mon idole de jeunesse, c’était pendant les dernières séries de la coupe Stanley. Je suis allé le voir dans un centre de réadaptation de la rue Sherbrooke. En entrant dans la chambre, j’ai vu tout de suite qu’il était en train de livrer le dernier combat de sa vie.
Ce jour-là, nous avons ressassé de bons souvenirs, puis il m’a avoué qu’il en avait marre de se battre contre la maladie. Il n’a pas dit qu’il était prêt à mourir, mais c’est tout comme.
Plus tard, j’ai songé à lui rendre visite à son condo de Longueuil, mais j’ai beaucoup de mal à «dealer» avec la mort et je souhaitais garder un beau souvenir de mon idole. Je lui envoyais des messages par sa fille Hélène. De toute manière, il aurait été impossible d’avoir une longue conversation ensemble. Réjean Houle, Guy Lafleur et Yvan Cournoyer m’avaient confirmé qu’il était à bout de forces.
Par un étrange concours de circonstances, je suis présentement en voyage à Cuba avec mon fils. Je ne pourrai donc pas saluer M. Béliveau en chapelle ardente ou assister à ses funérailles nationales, mais je serai là en pensée avec sa famille, ses milliers d’admirateurs et admiratrices. Cet homme-là a marqué la vie de tellement de monde par sa prestance, son intelligence et sa générositéé
Dans la vie, il est très rare qu’on puisse se lier d’amitié avec le héros de son enfance. J’ai eu ce rare privilège avec Jean Béliveau et je m’en souviendrai jusqu’à ma propre mort.
Enfin, je me joins à tous les amateurs de hockey pour offrir mes plus vives condoléances à Élise, à Hélène, à ses deux filles et à toute la famille Béliveau. On vient de perdre tout un champion.

Les Défunts Glorieux

VARADERO, Cuba— Si la vie se poursuit après la mort – et j’aime croire que c’est le cas- alors Maurice Richard est assis à la porte du ciel avec Toe Blake, Doug Harvey, Jacques Plante et Bernard Geoffrion pour accueillir Gilles Tremblay et son ancien capitaine dans le club très sélect des «Défunts Glorieux».

Les funérailles de Jean Béliveau auront lieu mercredi en la cathédrale Marie-Reine-du-Monde à Montréal.

Les funérailles de Jean Béliveau auront lieu mercredi en la cathédrale Marie-Reine-du-Monde à Montréal.

Demain, ils iront tous faire un tour dans la grande salle de réunion pour discuter de hockey avec les René Lecavalier, Jean-Maurice Bailly, Richard Garneau, Jacques Beauchamp, Camil DesRoches, Zotique Lespérance, Émile Genest, Claude Larochelle, Denis Brodeur et Rocky Brisebois.
Jean-Claude Tremblay, Tom Johnson et Carol Vadnais seront là eux aussi, à moins qu’ils n’aient pas encore complété leur ronde de golf sur le grand parcours de l’Éternité. Leurs invités pour la semaine sont Gary Carter et Jean-Pierre Roy.
«Je ne suis que de passage dans ce monde», dit la chanson de Marcel Martel.
Un tout petit grain de sable dans l’immensité de l’univers…

Lafleur: «J’ai essayé de suivre ses traces»

Réactions des Anciens Canadiens:

Même si on savait qu’il était très malade, la mort de JEAN BÉLIVEAU a semé la consternation au sein de la grande famille du Canadien. Voici les commentaires que j’ai recueillis durant la dernière heure:

GUY LAFLEUR: «Je viens juste d’apprendre la nouvelle. J’ai vu Jean pour la dernière fois il y a environ un mois et demi à son condo de Longueuil. Il avait beaucoup changé (physiquement) et il faisait pitié.

Guy Lafleur a tenté de son mieux de suivre les traces de son idole Jean Béliveau.

Guy Lafleur a tenté de son mieux de suivre les traces de son idole Jean Béliveau.

«Jean a été le héros de mon enfance. Je l’ai croisé pour la première fois au tournoi pee-wee de Québec. Par la suite, j’ai essayé de suivre ses traces, mais j’en ai manqué des bouttes! Je n’oublierai jamais ce qu’il a fait pour moi. Il m’a hébergé chez lui à mon arrivée à Montréal (automne 1971) et il m’a suggéré de prendre une autre numéro que le sien pour que j’aie un peu moins de pression sur les épaules.

«J’ai été choyé de le côtoyer pendant toutes ces années. Il est le plus grand ambassadeur de l’histoire du hockey et un modèle à suivre. Je n’ai jamais vu personne parler contre M. Béliveau. Il était un homme extraordinaire. Il avait toujours le bon mot pour t’encourager. Lorsque j’ai traversé des épreuves, il prenait le temps de m’appeler pour me remonter le moral».

DICKIE MOORE: «Pauvre Jean! Je suis allé le voir il y a environ trois semaines avec le docteur Kinnear et le docteur Mulder. Je savais qu’il était très malade, mais je ne pensais pas qu’il partirait aussi vite. C’est un jour triste pour le monde du hockey.

«Je connais Jean depuis la fin des années 1940. Il jouait pour les

Dickie Moore a gagné six coupes Stanley en compagnie du Grand Jean.

L’ailier gauche Dickie Moore a gagné six coupes Stanley en compagnie du Grand Jean.

Citadelles de Québec et moi pour le Canadien Junior. À cette époque, nous n’étions pas les meilleurs amis du monde, mais les choses ont changé lorsqu’il s’est joint au Canadien. J’ai joué avec lui pendant 10 ou 12 ans, mais pas sur le même trio. Moi, je faisais surtout équipe avec Henri et Maurice. Jean Béliveau a été un grand capitaine et un parfait gentilhomme. Le monde du hockey perd une de ses plus grandes légendes».

RÉJEAN HOULE, président des Anciens Canadiens: «Je suis allé le voir régulièrement durant les derniers mois. La dernière fois, c’était vendredi dernier avec Geoff Molson. On voyait qu’il était de plus en plus faible. Jean Béliveau est un homme irremplaçable. Jamais un autre homme ne s’est dépensé autant que lui pour le club de hockey Canadien et pour la communauté en général.

«Il avait une telle prestance. Je n’oublierai jamais le jour où j’ai mis les pieds dans le vestiaire du Canadien pour la première fois. C’était vachement impressionnant. En tant que capitaine, il a pris soin de me mettre à l’aise».

JEAN-GUY TALBOT: «J’ai appris la nouvelle en écoutant la radio mardi soir. On sait que Jean était très malade, mais ça donne t0ujours un coup quand même. Je perds un autre grand coéquipier et les nouvelles ne sont pas encourageantes en ce qui concerne Gordie Howe, mon ancien compagnon de chambre à Détroit. À mon âge, j’imagine qu’il faut prendre ça au jour le jour.

Jean-Guy Talbot: «Mes amis tombent comme des mouches».

Jean-Guy Talbot: «Mes amis tombent comme des mouches».

«J’ai connu Béliveau quand je jouais pour les Reds de Trois-Rivières et lui pour les Citadelles. Il était facile de voir qu’il était plus habile que tous les autres. Je n’aimais pas vraiment l’affronter. Il transportait la rondelle en zone ennemie et il était un excellent fabricant de jeux en plus de posséder un lancer du tonnerre. Tu ne savais jamais à quoi t’attendre.

«Tous ceux qui ont joué avec lui sont devenus meilleurs. Je pense par exemple à Gilles Tremblay, John Ferguson et Yvan Cournoyer. Il était aussi un excellent capitaine. Dans ce temps-là, nous étions comme des frères. Mon dieu qu’on a eu du plaisir ensemble!»

YVON LAMBERT: «Le téléphone sonne depuis 6h. ce matin. Le Grand Jean imposait le respect autant comme joueur que comme homme. Je n’ai pas eu la chance de jouer avec lui, mais je l’ai croisé très souvent au salon des Anciens Canadiens. Je ne garde que de bons souvenirs. Jean était toujours prêt à aider les autres. Il va nous manquer beaucoup».

Autres témoignages

ANDRÉ MALTAIS: «J’ai bien connu M. Béliveau quand il était membre au club Laval-sur-le-Lac. Il était humain, généreux, gracieux, un athlète dans une classe à part. Nos idoles fondent comme neige au printemps!»

SERGE GAUDREAU, historien: «Jean Béliveau n’a pas toujours eu la vie facile, spécialement au début des années 1960 après les cinq conquêtes consécutives. Il a souvent été critiqué, mais il n’a pas baissé les bras et il a gagné cinq autres coupes. Sa légende s’est bâtie dans l’adversité».

MARCEL ROBERGE, un ami Facebook: «Reposez en paix, M. Béliveau. Vous restez toujours mon idole, mon modèle dans la vie».

PAUL VILLENEUVE, journaliste à la retraite: «Un autre héros de notre jeunesse qui s’en va. Merci pour tous les bons souvenirs».